Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de la journée du dimanche 17 novembre
Le feu vert est donné. Washington a donné l'autorisation à l'Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par les Etats-Unis, a annoncé, dimanche 17 novembre, à l'AFP, un responsable américain, quelques heures après de nouvelles attaques russes qui ont ciblé le réseau énergétique ukrainien et fait dix morts.
Ces nouvelles frappes intenses se produisent au moment où l'Ukraine, en difficulté sur le front, craint de perdre le soutien américain avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche. Elles arrivent aussi deux jours après un appel entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président russe Vladimir Poutine, une reprise de contact jugée dangereuse par Kiev. Voici ce qu'il faut retenir de cette journée.
L'une des plus violentes attaques aériennes lancée par Moscou
La Russie a lancé, dans la nuit de samedi à dimanche, une vaste attaque aérienne. Près de "120 missiles et 90 drones" ont été tirés sur l'Ukraine et dans la matinée, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky. C'était une "nuit infernale", a estimé le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne Iouriï Ignat, selon lequel la défense antiaérienne a abattu 144 de ces cibles. Le ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Andriï Sybiga, a dénoncé "une des plus grandes attaques aériennes" lancées par la Russie depuis le début de l'invasion.
Ces frappes ont fait 10 morts et une vingtaine de blessés à travers le pays, selon les autorités ukrainiennes. Deux employés des chemins de fer Ukrzaliznytsia ont été tués, a annoncé l'entreprise publique. Une femme a été tuée et deux personnes ont été blessées par une attaque de missiles dans la région plus rarement ciblée de Lviv, selon le chef de l'administration militaire. Dans le Sud, deux employés d'Ukrenergo ont été tués dans la région d'Odessa, a annoncé l'opérateur DTEK. Deux autres personnes sont mortes à Kherson, et deux autres à Mykolaïv, autres villes méridionales, selon les autorités locales.
Côté russe, une journaliste locale, Ioulia Kouznetsova, a été tuée par une attaque de drone ukrainien dans la région de Koursk, selon le gouverneur Alexeï Smirnov. En outre, un civil a été tué par un drone ukrainien dans la région russe de Belgorod, également frontalière de l'Ukraine, selon son gouverneur.
Les infrastructures énergétiques très touchées
De son côté, le ministère de la Défense de Russie a affirmé avoir atteint "toutes" ses cibles lors de cette attaque massive, menée selon lui contre des "infrastructures énergétiques essentielles". Moscou, en multipliant ses attaques de drones et de missiles, a déjà détruit la moitié de la capacité énergétique de l'Ukraine, selon Kiev. Il s'agit de la dixième attaque d'ampleur contre le réseau énergétique ukrainien depuis le début de l'année, d'après l'opérateur Ukrenergo.
L'opérateur énergétique ukrainien DTEK a estimé que certaines de ses centrales thermiques avaient été "sérieusement endommagées" dimanche. Des coupures de courant ont touché la région de Kiev ainsi que plusieurs zones de l'Ouest, du Sud et de l'Est, comme Odessa ou Dnipropetrovsk. Néanmoins, le courant commençait à être rétabli à la mi-journée dans certaines régions, selon DTEK.
L'armée polonaise fait décoller des avions de chasse
C'est une procédure habituelle en cas de danger proche de ses frontières : "en raison de l'attaque massive de la Fédération de Russie", l'armée polonaise a annoncé dimanche avoir fait décoller des avions de chasse et mobilisé des forces pour défendre son territoire et pour "assurer la sécurité dans les secteurs jouxtant les zones menacées", a annoncé le commandement polonais sur X.
L'Ukraine autorisée à utiliser des missiles à longue portée en Russie
De son côté, en réaction, Washington a donné, dimanche soir, l'autorisation à l'Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par les Etats-Unis, a annoncé à l'AFP un responsable américain. Les Etats-Unis "ont donné le feu vert à l'utilisation de missiles à longue portée", a déclaré ce responsable s'exprimant sous couvert de l'anonymat. C'est un changement stratégique majeur, à quelques semaines de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, très critique sur l'aide américaine à l'Ukraine. Le président Joe Biden accède ainsi à une demande de longue date de Kiev peu avant son départ de la Maison Blanche.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, réclame depuis des mois l'autorisation d'utiliser les missiles Storm Shadow britanniques et les missiles américains ATACMS pour atteindre des cibles plus à l'intérieur du territoire russe. Ces armes d'une portée maximale de plusieurs centaines de kilomètres permettraient à l'Ukraine d'atteindre des sites logistiques de l'armée russe et des aérodromes d'où décollent ses bombardiers.
Mais plusieurs pays, dont les Etats-Unis, se refusaient jusque-là à donner un tel feu vert, par crainte d'une escalade avec Moscou. Le président russe, Vladimir Poutine, avait prévenu qu'une telle décision signifierait que "les pays de l'Otan sont en guerre contre la Russie". "À l'entrée en guerre des troupes nord-coréennes et à l'attaque massive de missiles russes, le président Biden a répondu avec un langage que V. Poutine comprend", a estimé le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, sur X. La décision des Etats-Unis pourrait pousser d'autres alliés à emboîter le pas, notamment le Royaume-Uni.
De nombreuses réactions internationales
L'Ukraine "peut compter" sur l'Union européenne après les "horribles" attaques russes qui ont ciblé son réseau énergétique et fait dix morts, a déclaré dimanche la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. "Nous nous tiendrons aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire", a-t-elle dit à Rio de Janeiro (Brésil), à la veille d'y participer au sommet du G20.
"Nous devons tenir nos engagements à l'égard des Ukrainiens, c'est-à-dire leur permettre de mener cette guerre de résistance, livrer des armes, des équipements", a déclaré de son côté Emmanuel Macron, au cours d'un point presse à Buenos Aires, avant de quitter l'Argentine pour le Brésil, où il doit aussi prendre part au sommet du G20. Le président russe Vladimir Poutine "ne veut pas la paix" avec Kiev et "n'est pas prêt à la négocier", a estimé le chef de l'Etat.
Le secrétaire général de l'ONU a, pour sa part, condamné les frappes russes "inacceptables" menées dimanche. "Les attaques visant des civils et des installations civiles sont prohibées par le droit humanitaire international", a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué de son porte-parole.
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