Cet article date de plus de deux ans.

Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la frappe russe sur une gare qui a fait 25 morts

L'attaque a tué des civils, dont des enfants, à Tchaplyne, dans le centre de l'Ukraine, le jour de la fête nationale.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un train et un véhicule détruits par une frappe russe à la gare de Tchaplyne, dans le centre de l’Ukraine, le 25 août 2022.  (MARYSE BURGOT /FRANCE TELEVISIONS)

Kiev redoutait une telle attaque. Elle est finalement arrivée dans la soirée du mercredi 24 août, jour de la fête nationale qui célèbre d'indépendance ukrainienne. Un bombardement russe sur une gare ferroviaire de Tchaplyne a fait au moins 25 morts, dont deux enfants, et 31 blessés, dans la région de Dnipropetrovsk, au centre de l'Ukraine, selon l'opérateur des trains ukrainiens.

>> Suivez la situation en Ukraine dans notre direct

Un lourd bilan

L'annonce est venue du président Zelensky, mercredi. "Je viens de recevoir une information concernant une frappe de missile russe sur une gare dans la région de Dnipropetrovsk [centre de l'Ukraine], en plein sur les wagons à la gare de Tchaplyne. Quatre wagons de passagers sont en feu", a affirmé le président ukrainien lors d'un discours devant le conseil de sécurité de l'ONU.

Dans son allocution, le président ukrainien a donné un premier bilan provisoire : "Il y a 22 morts, dont cinq personnes qui ont brûlé dans un wagon. Un adolescent est mort, il avait 11 ans, une roquette russe a détruit sa maison." Depuis, le bilan s'est alourdi, selon l'opérateur des trains ukrainiens. "Selon les informations de la matinée, nous avons 25 morts dont deux enfants. Trente-et-une personnes ont été blessées, dont deux enfants", a précisé la société sur Telegram jeudi.

Les autorités ukrainiennes ont dénoncé la volonté de l'armée russe de cibler des civils, dans une "attaque délibérée". "Ce n'était pas une attaque contre une infrastructure militaire, c'est une attaque contre un train de passagers qui était en train de traverser cette station", a dénoncé Igor Zhovka, chef adjoint du cabinet du président ukrainien sur BFMTV.

"Les opérations de recherche et de sauvetage vont se poursuivre, a par ailleurs expliqué le président Volodymyr Zelensky. Nous allons faire en sorte que les agresseurs paient pour tout ce qu'ils ont fait. Et nous allons les chasser de notre terre."

De son côté, la Russie a déclaré jeudi 25 août qu'elle avait visé des soldats. Un missile Iskander "a directement touché un train militaire dans la gare de Tchaplyne, dans la région de Dnipropetrovsk, éliminant plus de 200 militaires de la réserve des Forces armées ukrainiennes" ainsi que des équipements, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

L'Ukraine endeuillée le jour de sa fête nationale

Kiev redoutait une attaque le jour de la fête nationale ukrainienne, qui marque l'anniversaire de l'indépendance acquise en 1991 vis-à-vis de l'URSS.

Aucune festivité n'était prévue. Les autorités de Kiev, où des sirènes d'alerte ont retenti mercredi matin, ont interdit tout rassemblement public de lundi à jeudi. Dans le nord-est du pays, le gouverneur de la région de Kharkiv a même ordonné un couvre-feu de mardi soir à jeudi matin.

La date de ce bombardement peut aussi être "une simple coïncidence" selon le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale. "Depuis le début de la guerre, les Russes n'ont aucun état d'âme vis-à-vis des infrastructures civiles", a-t-il expliqué sur franceinfo. Si ce bombardement montre une chose, c'est "la détermination de Moscou à poursuivre la guerre, fête nationale ou pas", estime le général Pellistrandi.

Le ferroviaire, un enjeu stratégique pour les Russes

Le ciblage d'une gare ne doit rien au hasard, selon le général Jérôme Pellistrandi. Il estime sur franceinfo que ce bombardement montre la volonté de Moscou "de frapper des infrastructures utilisées par les Ukrainiens, notamment les installations ferroviaires".

Le train est un enjeu stratégique dans la guerre, pour les Ukrainiens comme pour les Russes. "Du côté de Kiev, il permet d'évacuer les Ukrainiens de l'est vers l'ouest, mais aussi d'amener du matériel militaire, du ravitaillement, détaille Jérôme Pellistrandi. De l'autre côté, les Russes utilisent le réseau ukrainien qu'ils occupent pour la même chose. Donc les gares sont des objectifs recherchés, notamment par les Russes."

D'autant que Tchaplyne est "un nœud ferroviaire". Cette gare est située dans le centre de l'Ukraine, dans la région de Dnipropetrovsk, alors que l'essentiel des combats se déroule aujourd'hui dans l'est et dans le sud de l'Ukraine.

Le général Jérôme Pellistrandi anticipe déjà la communication russe : "Vraisemblablement, ils diront qu'ils ont frappé un nœud ferroviaire sur lequel il y avait des trains militaires. Ils l'ont déjà fait à plusieurs reprises." D'autant que "pour les Russes, les pertes civiles n'ont aucune valeur", estime encore le rédacteur en chef de la revue Défense nationale.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.