Ukraine : le bombardement de la gare de Tchaplyne "montre la détermination de Moscou à poursuivre la guerre, fête nationale ou pas", selon un expert
Pour le général Jérôme Pellistrandi, "Vladimir Poutine ne peut en tout cas pas admettre qu'il ne gagne pas, et c'est ce qui est extrêmement inquiétant."
Le bombardement de la gare de Tchaplyne, qui a fait au moins 22 morts et 50 blessés mercredi 24 août dans le centre de l'Ukraine, selon le dernier bilan, "montre la détermination de Moscou à poursuivre la guerre, fête nationale ou pas", a estimé, sur franceinfo, le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, alors que l'Ukraine célèbre le 31e anniversaire de son indépendance.
franceinfo : Une frappe comme celle sur la gare de Tchaplyne était redoutée ce mercredi, jour de fête de l'indépendance de l'Ukraine. Y voyez-vous un hasard ?
Jérôme Pellistrandi : C'est peut-être une simple coïncidence. Parce que depuis le début de la guerre, les Russes n'ont aucun état d'âme vis-à-vis des infrastructures civiles. Tchaplyne est un nœud ferroviaire. Vraisemblablement, ils diront qu'ils ont frappé un nœud ferroviaire sur lequel il y avait des trains militaires. Ils l'ont déjà fait à plusieurs reprises. Et pour les Russes, les pertes civiles n'ont aucune valeur.
Une fois de plus, il semble que des civils aient été touchés. Qu'est-ce que cela montre de la volonté de l'armée russe ?
Cela montre d'une part la détermination de Moscou à poursuivre la guerre, fête nationale ou pas. Cela montre aussi sa volonté de frapper des infrastructures utilisées par les Ukrainiens, notamment les installations ferroviaires. Le chemin de fer est essentiel dans cette guerre, des deux côtés. Du côté de Kiev, il permet d'évacuer les Ukrainiens de l'Est vers l'Ouest, mais aussi d'amener du matériel militaire, du ravitaillement ... De l'autre côté, les Russes utilisent le réseau ukrainien qu'ils occupent pour la même chose. Donc les gares sont des objectifs recherchés, notamment par les Russes.
Le conflit dure depuis six mois. Faut-il se méfier d'un nouveau changement de stratégie de Vladimir Poutine ?
Vladimir Poutine ne peut en tout cas pas admettre qu'il ne gagne pas, et c'est ce qui est extrêmement inquiétant. Il faut impérativement, pour lui, qu'il obtienne des succès militaires. Il reste environ deux mois avant l'arrivée de l'hiver, et s'il n'y parvient pas d'ici là, on va avoir une ligne de front qui va se geler au sens propre comme au sens figuré, jusqu'au printemps.
Que sait-on de l'état des forces russes aujourd'hui ?
Les dernières estimations, notamment américaines, font état de 80 000 soldats russes tués, blessés, prisonniers ou déserteurs. C'est énorme. L'armée russe n'avait absolument pas prévu ce qui allait se passer. Donc le paradoxe, c'est que les Ukrainiens ont la ressource humaine grâce à la mobilisation générale. A l'inverse, les Russes ont encore la domination matérielle mais ils font face à un problème de ressources humaines, parce qu'ils n'ont pas suffisamment de soldats pour compléter les rangs et des unités qui sont pour certaines décimées.
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