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Guerre en Ukraine : dans le Donbass, la colère rentrée des habitants de Bakhmut qui contestent la stratégie ukrainienne

A Bakhmut, dans le Donbass, les échanges de tirs d’artillerie font chaque jour de nouvelles victimes parmi les civils restés sur place et qui contestent la stratégie des forces ukrainiennes consistant notamment à positionner les canons aux abords des villes.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne et Eric Audra
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un homme marche devant une école détruite dans la ville de Bakhmut, dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, le 28 mai 2022, au 94e jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (ARIS MESSINIS / AFP)

À la sortie de Bakhmut, en Ukraine, dans le Donbass où les combats font rage, Sviéta traine un bidon de cinquante litres d’eau à l’aide d’un chariot à roulettes. Le bidon doit peser autant qu’elle. Elle vient de faire quatre kilomètres pour trouver un point d’eau potable.

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"Dans notre village nous n’avons ni eau ni électricité, ni gaz, et cela depuis un mois, indique-t-elle. On est fatigués de tout ça. Nous avons les larmes aux yeux chaque jour parce qu’on a peur. C’est dangereux de rester chez soi mais nous ne pouvons pas non plus partir parce que nous avons une grand-mère paralysée à la maison."

"Notre seul message : on veut la paix, on veut vivre comme avant, ne plus manquer de rien et retrouver du travail."

Sviéta

à franceinfo

À quelques kilomètres de là, la ville de Sievierodonetsk et sa ville jumelle de Lyssytchansk subissent le déluge de feux russe depuis plusieurs jours. Moscou a proposé la mise en place de corridors pour les civils.

Les habitants acceptent mal les canons aux abords de la ville

À Bakhmut, la paix paraît bien loin et les échanges de tirs d’artillerie font chaque jour de nouvelles victimes parmi les civils restés sur place. "Les tirs sont de plus en plus forts", témoigne Natalia. Les artilleurs ukrainiens sont positionnés dans la ville et les habitants ont du mal à l’accepter. "Les combats dans les villes ne devraient pas exister : si les Russes nous tirent dessus c’est parce que les militaires ukrainiens sont positionnés ici, dans la ville", poursuit Natalia.

"Ce sont surtout les civils qui sont touchés : ce n’est pas normal, ce n’est pas comme ça qu’on doit faire la guerre. Là on massacre le peuple. L’armée ukrainienne doit comprendre ça !"

Natalia

à franceinfo

"Quand les combats se déroulent dans la ville, soupire, désespérée, Natalia, nos maisons sont touchées, les personnes âgées et les enfants sont tués et nous, nous ne pouvons aller nulle part… Dans cette situation, on ne comprend plus qui nous devons craindre. Tu ne sais pas d’où viennent les balles. Ce n’est pas écrit dessus. Et ça c’est terrible. Il y a des véhicules militaires ukrainiens à 200 ou 300 mètres et ça tape sans arrêt !"

Une colère rentrée et censurée

Natalia et son mari Vladimir sont en colère. Une colère rentrée que l’on censure, car il est difficile de prendre position contre son propre camp. "On a même peur de s’exprimer, déplore Natalia. Si quelqu’un l’apprend, ça peut être un problème. Je pourrais en dire plus mais c’est dangereux de dire un mot de trop." Natalia et Vladimir ont eu le courage de témoigner. Beaucoup, à Bakhmut, préfèrent garder le silence. La peur du mot en trop, sans doute.

En Ukraine, la colère des habitants de Bakhmut : le reportage de Boris Loumagne et Eric Audra

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