Guerre en Ukraine : des soldats formés en France au sein de la brigade "Anne de Kiev" sont-ils restés dans l'Hexagone après avoir déserté ?

L'Ukraine a ouvert une enquête après des cas de désertions au sein de la brigade de soldats ukrainiens formés en France.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un groupe de soldats ukrainiens dans le Donbass en novembre 2022. Photo d'illustration (VIRGINIE NGUYEN HOANG / HANS LUCAS)

C'est l'un des symboles de la coopération militaire entre l'Ukraine et la France. La brigade "Anne de Kiev", 4 500 soldats, dont une majorité formée en France à l'automne dernier. Le président Emmanuel Macron avait annoncé sa création lors des commémorations du débarquement en juin dernier en présence de Volodymyr Zelensky. Mais cette brigade subit des critiques actuellement en Ukraine. D'après l'enquête d'un journaliste ukrainien, plusieurs centaines de soldats auraient déserté ses rangs à leur retour en Ukraine. Certains seraient même restés en France pour échapper au combat. 

Une affaire qui embarrasse Kiev et Paris

Le ministère français des armées vantait encore à l'automne dernier un "modèle de soutien inédit à l'Ukraine que seule la France met en œuvre". 1 500 militaires français ont été mobilisés pendant plus de deux mois pour former 2 300 soldats ukrainiens. Une formation dans l'est de la France, au plus près des besoins de Kiev, avec notamment la création de tranchées pour coller au mieux aux conditions de combats en Ukraine.

À l’issue de cette formation en novembre dernier, la France a équipé cette nouvelle brigade de plus d'une centaine de véhicules blindés ainsi que d'une vingtaine de canons Caesar. Paris a donc beaucoup misé sur cette brigade d'élite mais les résultats sont loin d'être à la hauteur des ambitions. On a appris jeudi 2 janvier qu'une enquête avait été ouverte par les autorités ukrainiennes pour des cas de désertions au sein de cette brigade. Cela fait suite aux révélations d'un journaliste renommé en Ukraine, Iouri Boutoussov. D'après lui, près de 1 700 soldats sur 4 500 ont déserté à leur retour en Ukraine. 50 soldats auraient même fui l'armée pendant leur formation en France. 

Des déboires au déploiement de la brigade

Du côté du ministère français des Armées, pas de confirmation "à ce stade" nous dit-on et de la "prudence" sur les chiffres avancés. Ce qui est sûr, c'est qu'en Ukraine, cette affaire fait grand bruit. Une députée évoque notamment une "brigade zombie" formée à des fins de "publicité". Beaucoup critiquent non pas la formation militaire en France, mais plutôt la façon dont a été déployée la brigade Anne de Kiev sur le front. D'après le journaliste ukrainien qui a révélé l'affaire, la brigade a été démantelée à son arrivée en Ukraine et ses hommes dispersés pour boucher les trous dans d'autres brigades affaiblies par des mois de combats.

De jeunes recrues, à peine sorties de leur formation en France, ont par ailleurs été envoyées sur certains des points les plus chauds du front, comme à Pokrovsk dans l'est du pays. Certains n'étaient même pas équipés du matériel de base, comme des brouilleurs de drones. Enfin plusieurs officiers, dont le commandant de la brigade, ont été démis de leurs fonctions pour des problèmes liés à la gestion humaine de leurs troupes. De nombreux dysfonctionnements qui pourraient expliquer ces désertions massives. Pour autant, la collaboration franco-ukrainienne va se poursuivre puisqu'une deuxième brigade doit être formée en France, a annoncé le président Zelensky mercredi 18 décembre.

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