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Guerre en Ukraine : l'Ukraine accuse Moscou de bombarder des villages frontaliers côté russe pour justifier un nouveau coup de force

Le patron de l’agence américaine de renseignement, Bill Burns, met en garde sur le risque d'une nouvelle escalade, qui pourrait conduire Vladimir Poutine a brandir la menace nucléaire.

Article rédigé par franceinfo
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Vladimir Poutine, le 30 mars 2020, à Moscou. (MIKHAIL KLIMENTYEV / SPUTNIK)

La Russie est-elle en train de monter des opérations de manipulation à sa frontière pour pouvoir justifier des frappes sur l'Ukraine, comme le suggère le gouvernement de Kiev ? 

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Jeudi 14 avril 2022, Moscou a accusé l'armée ukrainienne d'avoir bombardé plusieurs villages frontaliers côté russe. Démenti immédiat côté ukrainien, où l'on affirme que ce sont les services secrets russes qui mènent des "attaques terroristes" dans la région frontalière, notamment dans le village de Klimovo, pour alimenter "l'hystérie anti-ukrainienne".

Problème : ces opérations militaires dénoncées par Moscou se trouvent dans la "zone grise" de la frontière, des zones interdites aux journalistes étrangers, ou aucune source indépendante ne peut donc confirmer si ce qu'affirment les autorités russes est vrai. D'après le PSB, les services de sécurité et un gouverneur de région, Kiev aurait donc mené trois attaques sur des villages de la frontière, dont une avec deux hélicoptères décrit comme lourdement armés. Moscou affirme qu'il y a eu des blessés, mais aucun d'entre eux n'a été vus. Les seules preuves présentées sont quelques images diffusées par l'agence officielle RIA Novosti où l'on voit des impacts dans le mur d'une maison et d'une cabane en bois.

Risque d'escalade

Avant même le déclenchement du conflit en Ukraine, Moscou avait déjà accusé l'armée ukrainienne de bombarder son territoire, ce que Kiev a toujours nié. Mais ces accusations à répétition font craindre une nouvelle escalade : aujourd'hui, Moscou semble vouloir s'appuyer sur ces incidents réels ou supposés pour menacer Kiev de bombardements sur des batiments officiels comme l'Etat major de l'armée, ce que les Russes affirment avoir voulu éviter jusque-là. 

Ces nouvelles menaces interviennent également dans un contexte particulier pour le Kremlin puisque le Moskva a coulé. Ce navire amiral russe de la flotte de la mer Noire, croiseur lance missile de 186 mètres de long, est parti par le fond jeudi 14 avril 2022 lors d'une opération de remorquage.

Guerre en Ukraine : le navire amiral russe Moskva sérieusement endommagé (FRANCE 2)

Il était manifestement trop endommagé pour pouvoir naviguer dans une mer houleuse. D'après Moscou, c'est un incendie à bord consécutif à l'explosion de munitions. D'après Kiev, il a été touché par deux tirs de missiles. Il ne peut donc pas y avoir de représailles, du moins là encore officiellement, pour ce qui est un accident.

Néanmoins la perte du croiseur est lourde militairement et symboliquement pour Moscou, qui a annoncé depuis plusieurs jours que ses efforts allaient dorénavant se concentrer sur le Donbass. Il est possible que Vladimir Poutine lance une nouvelle offensive d'ampleur dans l'est de l'Ukraine afin de consolider et accroitre ses gains territoriaux. Une menace prise au sérieux par la CIA : le patron de l’agence américaine de renseignement, Bill Burns, met en garde sur le risque suscité par ces différents revers militaire, qui pourraient inciter le Kremlin à avoir recours à une arme nucléaire tactique ou de faible puissance.

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