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Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine doit "concentrer ses efforts, ce qui paradoxalement va poser problème au président Zelensky", selon un spécialiste

Pour Jean-Paul Paloméros, ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air, l'armée russe va se focaliser sur le "Donbass, le sud, Marioupol", obligeant ses adversaires ukrainiens à se désorganiser.

Article rédigé par franceinfo
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Un soldat ukrainien tient la garde dans la commune de Stoyanka, près de Kiev (Ukraine), le 6 mars 2022. (ARIS MESSINIS / AFP)

"Vladimir Poutine n'a plus le choix, il faut vraiment qu’il concentre ses efforts", selon le général Jean-Paul Paloméros, ancien commandant suprême pour la transformation de l’Otan et ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air, invité de franceinfo samedi 2 avril. Les autorités ukrainiennes assurent que les Russes se concentrent désormais exclusivement sur l'est et le sud du pays. "Ce qui paradoxalement va poser un vrai problème au président Zelensky et à ses stratèges militaires", estime le général Jean-Paul Paloméros.

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Jean-Paul Paloméros : Je pense que Vladimir Poutine et ses chefs militaires reviennent aux fondements de l'art militaire, c'est-à-dire le besoin de concentrer ses forces sur un objectif atteignable, en quelque sorte. Ce qui n'a pas été le cas durant toute cette campagne. Cela dit, il restera toujours une pression et on le voit à Kharkiv. Cette ville est très proche de la Russie, évidemment, c'est plus simple pour eux. Mais on peut s'attendre quand même à ce que l'ouest continue à être attaqué, ne serait-ce que pour retarder les livraisons d'armements, sans doute dans la région de Kiev. Mais c'est vrai que Vladimir Poutine, n’a plus vraiment le choix : il faut qu’il concentre ses efforts, ce qui paradoxalement, va poser un vrai problème à au président Zelensky et à ses stratèges militaires. Combien de forces vont-ils vouloir consacrer à l'opposition dans le Donbass et jusqu'où veulent-ils aller? Le problème maintenant devient vraiment un problème ukrainien. Un problème de stratégie face à cette stratégie russe qui semblait claire au départ, qui a complètement divergé et qui revient maintenant aux fondamentaux, c'est-à-dire le Donbass, le sud, Marioupol.

Donc, les Ukrainiens vont eux-aussi devoir se réorganiser ?

Oui, il va falloir. Une partie significative de leur armée était face au Donbass depuis 2014, mais ils ne peuvent pas se laisser enfermer là-dedans. Puis, il y a l'idée quand même, à terme, le plus vite possible, de négociations. Ces négociations s'arrêteront là où se situera la frontière définie par les armes. Le président Zelensky a annoncé à plusieurs reprises qu'il voulait - ça me paraît un objectif trop ambitieux - reprendre carrément le Donbass. Mais si déjà, il pouvait maintenir les positions qui préexistaient quand la guerre actuelle s'est déclenchée, je trouve que ce serait déjà pas si mal. Donc, on va assister à cette guerre de positionnement. Et les Russes, combinant leurs efforts et les concentrant, vont être évidemment plus dangereux.

La vice-ministre ukrainienne de la Défense annonce que toute cette région de Kiev a été libérée. Là où se trouve le pouvoir central. C’est extrêmement important ?

C'est extrêmement important. Vladimir Poutine avait deux objectifs au départ : démilitariser l'Ukraine et renverser le pouvoir. Donc, oui, c'est significatif. Est-ce durable ? L'avenir nous le dira. Il y a toujours moyen et il y a toujours possibilité de lancer des raids. Il est clair que l'armée russe avait besoin d'un temps de respiration. C'est aussi la période des grandes rotations des armées. Mais c'est une belle victoire parce qu'ils [les Ukrainiens] ont arrêté l'espèce de Blitzkrieg, la guerre éclair que voulait Poutine, rentrer dans Kiev et renverser le pouvoir. Ça a été arrêté au prix de leur courage, au prix de leur savoir-faire militaire aussi. On les entraînait depuis des années et ça paye au prix des armes qui sont extrêmement efficace. Et dont ils se servent parfaitement bien.

La Russie informe ce soir l'Ukraine que les négociations sur un plan de paix ont suffisamment avancé pour permettre la tenue de consultations directes entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zemlinsky. Ce serait une avancée majeure ?

Oui, parce que toute négociation de haut niveau est bonne à prendre en ce moment. La population ukrainienne souffre trop pour qu'on néglige la moindre négociation. Mais d'un autre côté, il faut être réaliste, les termes d'une négociation qui a une chance d'aboutir, ne sont pas en place. Par exemple, je ne vois pas vraiment de garanties de sécurité qui pourraient être offertes à l'Ukraine aujourd'hui. À partir du moment où le pouvoir russe a foulé aux pieds les accords de Budapest, suite à la dénucléarisation de l'Ukraine, je ne crois pas à un bout de papier signé de Vladimir Poutine. C'est un peu le fond du problème. Mais c'est bien quand même qu'ils se parlent. Peut-être qu'on peut arriver au moins à un cessez-le-feu, ça serait déjà une première étape à Marioupol et ailleurs. Une première étape qui serait significative et positive.

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