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Guerre en Ukraine : la livraison de F-16, "un succès politique incontestable mais un succès militaire, ça reste à voir", selon un géopoliticien

Le Danemark et les Pays-Bas ont officialisé, dimanche 20 août, la livraison d'avions de combat à l'Ukraine, lors d'une visite du président ukrainien.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président ukrainien Volodymyr Zelenski devant l'un des F-16 que le Danemark lui a promis, le 23 août 2023 à Vojens. (SERGEI GAPON / AFP)

La livraison d'avions de combat F-16 à l'Ukraine, annoncée par le Danemark et les Pays-Bas, constitue "un succès politique à très court terme" pour Volodymyr Zelensky, analyse lundi 21 août sur franceinfo Cyrille Bret, géopoliticien et maître de conférences à Sciences Po Paris, pour qui ce soutien "peut changer le rapport de forces psychologique".

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franceinfo : Cette livraison de F-16 américains est-elle réellement "historique" comme le dit le président Volodymyr Zelensky ?

Cyrille Bret : Pour le président Zelensky, la livraison de ces 61 appareils F-16 américains est un succès politique à très court terme. Voilà maintenant des mois et des mois qu'il réclame ces appareils à l'Occident, aux États-Unis et à ses alliés européens et il vient de les obtenir. À plus long terme, c'est également, pour l'Ukraine, la façon de compenser une faiblesse chronique, l'absence de dimension aérienne, l'absence d'armée de l'air capable de faire pièce aux offensives russes. C'est donc un succès politique incontestable à court terme, mais un succès militaire, ça reste à voir.

"Il faut garder les ordres de grandeur en tête : l'armée de l'air russe, c'est 3 000 appareils et surtout une très grande excellence dans la défense anti-aérienne. Mais ça peut changer le rapport de force psychologique."

Cyrille Bret, géopoliticien

à franceinfo

D'ailleurs on ne sait pas exactement quand les avions seront livrés, et puis il faut former les Ukrainiens sur ces F-16 ?

Oui, avant que les 61 F-16 soient opérationnels, il y a tout un ensemble de solutions à trouver. Bien sûr, l'entraînement des pilotes, ensuite l'acheminement des appareils et leur localisation pour qu'ils ne deviennent pas des cibles pour les frappes de missiles russes, car il est très facile de détruire ces appareils en quelques secondes avec des frappes au sol. Il y a également la coordination entre l'artillerie, l'infanterie, la cavalerie ukrainienne et l'armée de l'air ukrainienne. Et là encore, on bute sur une faiblesse chronique des forces armées ukrainiennes qui n'ont pas l'habitude, faute de moyens, d'opérer avec une couverture aérienne.

La France refuse toujours de livrer des avions de chasse. Est-ce que c'est une position tenable encore longtemps ?

Elle est tenable dans la mesure où elle est cohérente avec le soutien constant que, depuis dix ans, la France accorde à l'Ukraine d'un point de vue financier, budgétaire, diplomatique, symbolique, militaire, avec la livraison de pièces d'artillerie qui ont fait la différence, notamment les canons César, les renseignements... Et dans la mesure où, la France a constamment souligné que sa priorité était la conservation de ses propres forces armées. Les contingents de l'armée de l'air française ne sont pas illimités et envoyer des avions français en Ukraine, les donner à l'Ukraine, ce serait déjà affaiblir son propre effort de défense nationale. Ensuite, c'est très cohérent avec la position d'intermédiaire que la France entend jouer au moment où les négociations s'engageront. La France a une position qui est résolument en soutien à l'Ukraine mais qui prépare la suite et qui sait que la guerre à elle seule, la victoire militaire à elle seule, n'est pas le résultat ultime à trouver, mais une consolidation d'une paix durable pour les populations ukrainiennes.

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