Guerre en Ukraine : la mise en alerte de la dissuasion nucléaire russe est "une stratégie de communication", selon un chercheur de l'IRIS
Alors que Vladimir Poutine a annoncé mettre en alerte la "force de dissuasion" nucléaire russe dimanche, le chercheur Gaspard Schnitzler estime "totalement improbable que la Russie ait recours à des armes nucléaires".
Selon Gaspard Schnitzler, chercheur sur les questions de défense à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), la mise en alerte de la "force de dissuasion" nucléaire russe par le président Vladimir Poutine dans le cadre de la guerre en Ukraine dimanche 27 février est "une stratégie de communication". "Je ne pense pas qu'une escalade nucléaire soit possible", a-t-il affirmé sur franceinfo.
franceinfo : Que signifie la mise en alerte de la force de dissuasion russe ?
Gaspard Schnitzler : Je ne pense pas qu'une escalade nucléaire soit possible. Il s'agit à mon avis surtout d'une stratégie de communication. Ça m'étonnerait, c'est même totalement improbable, que la Russie ait recours à des armes nucléaires. Ça plongerait l'Europe dans un conflit comme elle en a jamais connu.
L'Ukraine peut-elle encore résister ?
Je suis assez positivement surpris par la résistance qu'oppose l'armée ukrainienne, qui s'est montrée particulièrement résiliente. Je pense que les Russes sont également surpris. On a pu voir énormément d'images d'hélicoptères d'attaque russes, d'avions de chasse, de blindés détruits, certes en petite quantité mais tout de même. L'armée ukrainienne est bien moins importante en effectifs et capacités que l'armée russe. C'est donc tout l'intérêt de livrer des armes à l'armée ukrainienne, notamment des armes antichars et des missiles sol-air, pour qu'elle puisse tenir le plus longtemps. Le temps montrera si, oui ou non, cela permet à l'Ukraine de tenir dans la durée, au moins de repousser le plus longtemps possible la prise de Kiev.
Quelles sont les armes livrées à l'Ukraine ?
Il y a eu beaucoup de livraisons dans les semaines précédant l'offensive russe. Une des plus importantes était une livraison britannique de 1 000 lance-roquettes antichars, qui ont été utilisés pour détruire les blindés russes. On peut le voir sur les vidéos qui circulent. Dans les dernières heures et les derniers jours, il y a eu énormément d'annonces de livraisons de la part de la République tchèque, au niveau des armes légères, des fusils et des munitions. Les Pays-Bas ont annoncé vouloir livrer des missiles sol-air Stinger, la Belgique des armes légères... La France aussi a annoncé livrer des équipements, sans préciser exactement le type. Elle a simplement indiqué que ce serait du matériel défensif. On peut imaginer également des armes antichars. La France a également annoncé un soutien en carburant parce que le soutien logistique est un point essentiel.
Côté russe, il y a aussi un enjeu : si vous n'avez pas un soutien logistique qui suit l'approvisionnement en munitions et en carburant permanent, vos forces sont bloquées dans la progression. Il s'agit en l'occurrence de dons. C'est une façon de soutenir l'Ukraine à défaut d'une intervention militaire, en plus des sanctions économiques. Les livraisons qu'ont acceptées l'Allemagne, c'est une grande première, un vrai tournant dans la politique étrangère allemande, en l'occurrence de 1 400 lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air. Cela permet de compenser les annonces faites il y a quelques semaines de livraisons de 5 000 casques, qui avaient été un peu mal vécues du côté ukrainien.
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