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Guerre en Ukraine : "La Transnistrie se trouve dans une situation très difficile", analyse un chercheur après plusieurs explosions

Plusieurs explosions survenues en Transnistrie, une région séparatiste pro-russe située à l'est de la Moldavie, à la frontière avec l'Ukraine.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La ville de Tiraspol en Transnistrie (Photo d'illustration). (ANTOINE MARTIN / HANS LUCAS)

"La Transnistrie se trouve dans une situation très difficile", a déclaré jeudi 28 avril sur franceinfo Vincent Henry, chercheur à l'université de Paris Est Créteil, spécialiste de la Moldavie, après plusieurs explosions survenues dans cette région séparatiste pro-russe située à l'est de la Moldavie, à la frontière avec l'Ukraine. "La situation est inquiétante, mais il faut rester très prudent" sur l'origine de ces incidents, a-t-il insisté, précisant que les "élites politico-économiques de cette région ont besoin de montrer qu'il faut qu'une solution soit trouvée pour cette région". La menace militaire reste faible selon lui, mais cela suffit à créer de la "panique et de l'inquiétude" en Moldavie.

franceinfo : L'origine des explosions de ces derniers jours est assez floue. Quoiqu'il en soit, cette situation est inquiétante ?

Vincent Henry : La situation est effectivement inquiétante en Moldavie suite aux incidents de ces derniers jours. On ne sait pas exactement d'où viennent ces incidents, qui en est à l'origine, même s'il y a de gros soupçons évidemment sur la Russie et sur des agents russes sur place. Il est aussi possible que ce soient des agents de Transnistrie. Donc, il faut être aujourd'hui très prudent sur l'origine de ces incidents.

Cela peut venir de l'intérieur comme de l'extérieur ?

Cela peut être les deux. Il n’est pas sûr que les incidents ont forcément la même origine. Ce qui est certain, c'est que la région se trouve dans une situation très difficile. Pour les élites politico-économiques transnistriennes, il y a un besoin de montrer qu'elles sont en difficulté, qu’il faut qu’une solution soit trouvée pour cette région. Elle qui vit depuis longtemps dans une espèce d'entre-deux juridique entre la Moldavie, la Russie, et de plus en plus l'Union européenne. C'est une élite politique qui a profité très longtemps de cet entre-deux, qui est très dépendante de la Russie pour son approvisionnement en énergie, ce qu'elle monnaye. Et c'est aujourd'hui une région qui souffre énormément du fait d'être coupée et isolée. Elle n'a plus de relations faciles avec l'Ukraine dont elle dépend beaucoup pour importer et pour exporter. Elle profitait également beaucoup de son potentiel industriel, qui était très important, ce qui lui a permis pendant près de trente ans de vendre de l'électricité au reste de la Moldavie, ce qui représentait 80% de son PIB. Or, aujourd'hui, la Moldavie sera bientôt sans doute connectée au réseau électrique européen. Donc, c'est une région qui est de plus en plus isolée et qui doit trouver aujourd'hui une solution. Il y a deux hypothèses. La première est que la Russie pousse vraiment au chaos dans la région, essaye de bloquer des forces ukrainiennes à l'ouest du pays, donc loin du Donbass. L'autre hypothèse, c'est que les élites de Transnistrie attirent vraiment l’attention sur elles.

Le risque que le conflit atteigne aujourd'hui la Moldavie existe-t-il, notamment du fait de la proximité de la Moldavie avec la ville ukrainienne d'Odessa ?

II y a un risque effectivement. Mais il y a une différence entre vouloir et pouvoir. Les forces russes ne sont pas en mesure aujourd'hui d'attaquer directement Odessa avec des troupes. Elles ne font que des bombardements lointains pour l'instant. Il y a donc une crainte que les 1 500 soldats russes qui sont présents sur le territoire transnistrien puissent intervenir. Mais ce ne sont que 1 500 soldats, dont on suppose que ce ne sont pas des gens extrêmement armés, extrêmement bien préparés. Selon les experts militaires, la Transnistrie ne représente pas un danger militaire très important. C'est toutefois suffisant pour détourner une partie des forces ukrainiennes. Mais c'est surtout suffisant pour exercer une très forte pression sur les autorités moldaves et créer un sentiment de panique, d'inquiétude, d’insécurité qui est très dommageable à un pays qui est déjà extrêmement fragilisé par cette guerre.

20 000 personnes ont quitté la Transnistrie au cours de la dernière semaine, il est là le signe de l'inquiétude ?

Il y a eu beaucoup de discussions sur ce sujet. Les Transnistriens ne sont pas si isolés qu’on le pense. Ce sont souvent des gens qui ont également des passeports moldaves, puisque la Transnistrie n'est pas reconnue internationalement, et qui peuvent avoir une résidence d'un côté ou de l'autre du fleuve [Dniestr]. Il y a des gens qui sont également citoyens russes, voire ukrainiens. Donc, c'est une population qui se déplace assez facilement. Par ailleurs, ces incidents récents ont eu lieu pendant le week-end de la Pâque orthodoxe. Il y a eu des photographies qui ont été prises près des douanes, des points de passage entre la Moldavie et la Transnistrie, où l'on voyait effectivement des queues de voitures. Mais ce sont des mouvements de population qui sont fréquents et qui sont presque normaux en cette période de Pâques. Donc, il n'y a rien qui prouve aujourd'hui qu'il y a un départ absolument massif de la région.

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