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Guerre en Ukraine : l’assaut sur l'aciérie d'Azovstal "va être une hécatombe", alerte un expert militaire français

"C’est comme un combat de rue", a expliqué Dominique Trinquand, expert militaire et ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU à New York, à propos de l'assaut donné par l'armée russe sur l'aciérie d'Azovstal à Marioupol. 

Article rédigé par franceinfo
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De la fumée s'élève du sol de l'usine sidérurgique Azovstal dans la ville de Marioupol, dans le cadre de l'action militaire russe en Ukraine, le 29 avril 2022. (ANDREY BORODULIN / AFP)

L'assaut de l’armée russe donné mardi 3 mai sur l'aciérie d'Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne dans le port stratégique de Marioupol, "va être une hécatombe", prédit mardi sur franceinfo, le général Dominique Trinquand, expert militaire et ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU à New York.

franceinfo : À quels types de combat faut-il s’attendre sur le site ukrainien d'Azovstal ?

Dominique Trinquand : Ça va être une hécatombe. C’est comme un combat de rue, sauf qu'il n'y a pas le ciel au-dessus de la tête. Ils sont dans des tunnels, donc il y a probablement beaucoup de pièges qui ont été mis, des champs de tirs qui ont été organisés. Mais au bout du compte, la masse d'explosifs, de bombardements même, qui va être mis en œuvre par l'armée russe et la masse d'hommes qui peut attaquer plusieurs endroits à la fois risquent d'être extrêmement éprouvants pour les Ukrainiens. Maintenant, ce type de combat peut durer, et cela dépend beaucoup des munitions, de l'eau et de la nourriture dont disposent encore les Ukrainiens.

Vladimir Poutine avait pourtant donné l’ordre de créer une sorte de ceinture hermétique autour d'Azovstal. Pourquoi a-t-il changé d’avis selon vous ?

Cet assaut est en effet assez surprenant. On sait que cela va coûter beaucoup de pertes à l'armée russe, parce que les Ukrainiens ont parfaitement préparé la défense du complexe depuis deux mois, et qu'il est extrêmement facile à défendre et donc très difficile à attaquer. Mais j'ai bien peur que ce soit la seule victoire que le président Poutine pourra annoncer le 9 mai [date de commémoration de la victoire de l'armée russe sur l’Allemagne nazie], parce qu'il y a peu de chance qu'il y ait une victoire dans le Donbass. En revanche, à Marioupol, il y avait le choix : attendre et faire tomber la ville, mais probablement d'ici une ou deux semaines, ou bien donner l'assaut maintenant. Le choix a été fait de donner l'assaut.

Comment imaginer de nouvelles évacuations de civils de Marioupol, dans ces conditions d’assaut sur Azovstal ?

L'évacuation qui a été réussie aujourd’hui est probablement le résultat des négociations de l’ONU, lors de la visite du secrétaire général Antonio Guterres à Moscou. Mais il semble difficile, maintenant que les Russes ont donné l'assaut, d'évacuer encore des civils. Dans la propagande russe, cela permettra de dire que le bataillon Azov s'est servi de boucliers humains.

Cette guerre dure depuis plus de deux mois maintenant. Faut-il s'attendre à un conflit extrêmement long ?

Je pense qu’il va être extrêmement long pour deux raisons. D'abord, parce que les Russes ne remportent pas facilement la victoire comme ils le pensaient. Mais ils ne vont pas lâcher. Ensuite, parce que les Occidentaux renforcent extrêmement les Ukrainiens. Le ministre de la Défense américain a dévoilé un peu sa stratégie, qui est d'affaiblir la Russie. Donc d'une certaine façon, en fournissant des armes et avec le sang des Ukrainiens, les Américains veulent affaiblir la Russie. Cette guerre va donc durer plusieurs mois encore.

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