Guerre en Ukraine : "On ne peut pas comprendre la Russie si on n'est pas passé par ses prisons", confie le père condamné pour le dessin de sa fille

Le cas de ce père de famille russe avait ému le monde entier lorsqu'il avait été séparé de sa fille, victime de la répression du régime.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Alexei Moskaliov, père célibataire, assigné à résidence à Efremov en mars 2023, après un dessin de sa fille sur la guerre en Ukraine. (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Une famille réunie. Alexei Moskaliov est sorti de prison mardi 15 octobre après un peu plus d'un an et demi passé derrière les barreaux. Il avait été condamné en mars 2023 pour avoir critiqué l'invasion de l'Ukraine, officiellement pour avoir "discrédité l'armée russe".  

Alexeï Moskaliov avait attiré l'attention des autorités lorsque sa fille avait fait un dessin anti-guerre en classe montrant des missiles russes se dirigeant vers une femme et un enfant près d'un drapeau ukrainien. La directrice de l'école l'avait dénoncé à la police, le père avait été envoyé en prison et sa fille, qu'il élève seul, âgée de 12 ans à l'époque envoyée dans un foyer pour mineurs. Les deux se sont retrouvés à la sortie de la prison. 

Quelques journalistes russes et quelques militants attendaient Alexeï Moskaliov à la sortie du camp numéro 6. "On ne peut pas vraiment comprendre la Russie si on n'est pas passé par ses prisons", dit l'homme de 56 ans, visiblement amaigri. Il tombe dans les bras de sa fille, Masha, avant de raconter ses premiers mois passés à l'isolement dans une cellule de 2m2. "Il faisait un froid de chien. Je devais rester debout pendant 16 heures parce que les lits étaient fixés au mur le matin, il était impossible de s'asseoir."  

"Les autorités russes n’aiment pas être sous pression" 

Alexeï confie qu'il a tenu grâce à sa fille et aux courriers qu'il a reçus du monde entier : "On m'a écrit du monde entier : d'Amérique, d'Allemagne, de France. Je veux leur dire merci du fond du cœur"

Alexeï Moskaliov est donc libre. Mais son avocat, Vladimir Bilienko, dit avoir conseillé à cet homme courageux qui a assumé son opposition à la guerre, de ne plus parler de politique. "Les autorités russes n'aiment pas être sous pression, surtout internationale, et il peut y avoir un instinct de vengeance. C'est pourquoi tout peut arriver", prévient-il. 

Alexeï Moskaliov et sa fille Masha sont maintenant de retour chez eux à Efremov, situé à 300 km au sud de Moscou.

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