Guerre en Ukraine : "On observe un essoufflement de l'offensive russe", selon le général Patrick Dutartre
"Il ne faut pas surestimer certaines troupes russes qui se retrouvent avec une hostilité et une résistance incroyable des forces ukrainiennes", avance le général Dutartre.
Patrick Dutartre, général de l’Armée de l’Air, ancien leader de la Patrouille de France, constate samedi 26 mars sur franceinfo "un essoufflement de l'offensive russe et même, en plusieurs endroits, un recul", un mois après le début du conflit. L'armée russe a annoncé concentrer son offensive sur le Donbass, dans l'est de l'Ukraine.
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franceinfo : La Russie est-elle en train de reculer en Ukraine ?
Général Patrick Dutartre : Je crois qu'il faut être extrêmement prudent sur toutes les annonces qui sont faites. Cela dit, on peut y voir certains signes d'encouragement vers une concentration, une cessation de cette attaque multipoints qu'on observe depuis un certain temps, une stratégie plus claire qui soit, quelque part, une porte de sortie pour les forces militaires russes de l'Ukraine.
La Russie affirme que c'est dans son plan initialement de se reconcentrer sur le Donbass : est-ce que c'est crédible ?
En tout cas, c'est une manière de sortir. Ce qu'on avait observé depuis le début de l'invasion, c'est que la stratégie n'était pas très claire. On avait du mal à lire. Aujourd'hui, les forces russes sont positionnées sur une douzaine de fronts différents. On observe évidemment un essoufflement de l'offensive russe et même, en plusieurs endroits, un recul. Ce serait une manière pour les militaires russes de sortir et effectivement se concentrer sur ces deux régions qui étaient au départ à l'origine du conflit.
L'armée russe est-elle si forte que cela ?
On l'analysera en détail à la fin du conflit. Est-ce que les objectifs étaient très clairs ? Est-ce que les ordres du président Poutine, très isolé, étaient parfaitement compris de son état-major ? La stratégie était quand même assez difficile à percevoir. Ce qu'on peut observer, c'est effectivement que l'offensive du premier jour était relativement clair, et ensuite, non.
"Ils ont atteint effectivement certaines cibles militaires, mais ils ne s'attendaient absolument pas à cette réaction des forces ukrainiennes."
Général Patrick Dutartreà franceinfo
Il y a quand même beaucoup de difficultés rencontrées par les militaires russes en termes de coordination, en termes de support, en termes de logistique après 31 jours de guerre. Aller comme ça en Ukraine, sur presque douze fronts différents, c'est extrêmement difficile. Il ne faut pas surestimer certaines troupes russes qui sont des soldats de conscription, à qui on a dit faire une manœuvre de pacification, et qui se retrouvent avec une hostilité et une résistance incroyable des forces ukrainiennes.
Les contre-offensives sont-elles étonnantes ?
Non, pas dans une telle mobilisation des forces ukrainiennes qui disposent d'un armement assez sophistiqué, notamment antichars ou de défense aérienne basse altitude, qui a connu un certain succès, notamment la dernière contre-attaque du côté de Kherson qui est majeure, parce que ça permettrait de calmer complètement les velléités d'Odessa, et ça c'est un point aussi stratégique.
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