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Guerre en Ukraine : quatre questions sur l'attaque de drones russes survenue "très très près" de la frontière avec la Roumanie

Le président roumain a fait part de son inquiétude après que la ville frontalière d'Izmaïl a été visée par Moscou en raison de son importance stratégique pour l'exportation de céréales.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 6min
Le port d'Izmaïl (Ukraine), situé face à la Roumanie, le 21 juillet 2022. (SERGII KHARCHENKO / NURPHOTO / AFP)

Une "très grande proximité" qui inquiète. Les défenses aériennes ukrainiennes ont abattu, lundi 4 septembre, 17 drones russes autour d'Izmaïl, l'un des principaux ports fluviaux d'Ukraine, situé dans le sud-ouest du pays, à près de 200 km d'Odessa. Des débris sont tombés dans le Danube, qui marque la frontière avec la Roumanie. Le ministère de la Défense de ce pays limitrophe à l'Ukraine a démenti la chute de drones explosifs russes sur son territoire, avant que le président roumain ne dénonce mardi soir des attaques "très très près" de son pays, qui est membre de l'Otan.

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1Que s'est-il passé ?

"Selon les informations des gardes-frontières ukrainiens, au cours d'une attaque massive menée par la Russie dans la zone du port d'Izmaïl, des [drones] 'Shahed' russes sont tombés et ont explosé sur le territoire roumain cette nuit", a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien, lundi matin, sur Facebook. Un porte-parole des gardes-frontières a précisé à l'AFP que l'Ukraine avait "enregistré deux détonations sur le territoire roumain, dans la zone du port d'Izmaïl", lors de cette attaque survenue dans la nuit de dimanche à lundi. Les défenses aériennes ukrainiennes ont, par la suite, précisé avoir abattu 17 drones russes.

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, a répété ces affirmations plus tard dans la journée. "Il existe des photos que nous sommes prêts à partager prouvant ce qui est tombé là-bas", a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Interfax. Et d'ajouter qu'il était "inutile de nier" que des missiles russes avaient touché la Roumanie. Car le ministre ukrainien estime qu'il y a une "tendance de la part de la Roumanie à minimiser certains événements, afin de ne pas être entraînée dans un conflit direct".

2Comment a réagi la Roumanie ?

De fait, Bucarest a très vite "catégoriquement démenti" les allégations autour de drones russes tombés sur son territoire. Le ministère de la Défense roumain a dit "surveiller la situation en temps réel". "A aucun moment", les attaques russes contre des infrastructures ukrainiennes "n'ont généré de menaces militaires directes pour le territoire national ou les eaux territoriales de la Roumanie", a-t-il assuré dans un communiqué.

"Il n'y avait pas de débris, pas de drone ou d'autre bout d'appareil qui ont atterri en Roumanie", a insisté Klaus Iohannis, le président de la Roumanie, mardi dans la soirée. "Nous avons un contrôle total de notre espace aérien. Nous avons absolument tout vérifié et je peux rassurer la population", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Cependant, Klaus Iohannis a reconnu éprouver des craintes : "Nous sommes inquiets du fait de la très grande proximité" de ces attaques répétées. "Nous avons eu des attaques (...) qui ont été recensées à 800 m de notre frontière. Donc très très près", a ainsi déclaré le président roumain.

3Pourquoi cette région est-elle visée ?

Depuis la suspension, en juillet, de l'accord qui permettait à l'Ukraine d'exporter ses céréales via la mer Noire, la Russie multiplie les bombardements dans le sud-ouest de l'Ukraine, frontalière de la Roumanie.

Les forces russes ont d'abord frappé les ports ukrainiens de la mer Noire, particulièrement Odessa, d'où étaient auparavant exportées les céréales ukrainiennes. Depuis quelques semaines, elles ciblent les villes ukrainiennes qui bordent le Danube, car c'est là que se trouvent des ports et autres infrastructures cruciales pour ce commerce.

Deux ports fluviaux ukrainiens, en particulier, sont ciblés : Reni et Izmaïl. Edifiés sur le Danube, face à la rive roumaine, ils font figure de petits centres d'industries agroalimentaires et sont devenus la principale voie de sortie des produits agricoles ukrainiens. Izmaïl possède aussi une gare et un aéroport.

4Est-ce la première fois ?

Non. L'attaque menée dans la nuit de dimanche à lundi est survenue au lendemain d'une autre attaque, menée cette fois contre le port de Reni. C'est le bureau du procureur général de l'Ukraine qui a annoncé que des drones russes s'étaient abattus dans la nuit de samedi à dimanche sur des "infrastructures industrielles civiles". "L'attaque a fait deux blessés, qui ont été hospitalisés", a-t-il précisé sur Telegram. Selon lui, les forces ukrainiennes ont toutefois réussi à abattre 22 des 25 engins utilisés. L'armée russe a reconnu cette attaque, menée dans l'objectif de détruire "des dépôts de carburant utilisés pour ravitailler les équipements militaires de l'armée ukrainienne".

Il ne s'agissait pas de la première attaque russe : le port de Reni a été touché dès le 24 juillet. Puis, le 2 août, des attaques de drones russes ont provoqué d'importants dégâts sur les infrastructures portuaires ukrainiennes du Danube. D'après l'Ukraine, "près de 40 000 tonnes de céréales attendues par les pays africains, la Chine et Israël" ont alors été endommagées, en plus d'un élévateur, des hangars, des bâtiments administratifs et des entrepôts, sans faire de morts. Cette fois, le président roumain avait dénoncé, sur X (anciennement Twitter), des "attaques inacceptables" et "des crimes de guerre".

Les forces russes ne semblent pas vouloir s'arrêter là : elles continuent de cibler la région. En effet, mercredi matin, le gouverneur d'Odessa a affirmé sur Telegram que des forces russes "ont attaqué le district d'Izmaïl avec des drones" pendant "près de trois heures". "Malheureusement, une personne est morte" de ses blessures à l'hôpital, a déploré Oleg Kiper, précisant que celle-ci était une employée agricole.

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