Guerre en Ukraine : quatre questions sur la menace de coup d'Etat prorusse dénoncée par la Moldavie
Un risque "d'attaques" et de "prises d'otages". La présidente moldave, Maia Sandu, a accusé la Russie, lundi 13 février, de vouloir renverser le pouvoir pro-européen en place à Chișinău. La dirigeante de ce pays de 2,6 millions d'habitants, coincé entre la Roumanie et l'Ukraine et candidat depuis l'été 2022 à l'entrée dans l'Union européenne (UE), a également prévu un renforcement des mesures de sécurité.
1Quelles sont les accusations portées par la Moldavie ?
Les informations partagées par la Moldavie avaient été évoquées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles, la semaine dernière. Elles proviennent de documents interceptés par les services secrets ukrainiens. "L'objectif est de renverser l'ordre constitutionnel et de remplacer le pouvoir légitime de Chișinău par un pouvoir illégitime (...) dans le but de stopper le processus d'intégration à l'UE", accuse la cheffe d'Etat, en poste depuis décembre 2020.
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D'après elle, le Kremlin compte sur "l'implication de forces internes" comme le parti de l'oligarque prorusse en fuite Ilan Sor, et sur la possible arrivée de ressortissants russes, biélorusses, serbes et monténégrins sur le territoire. "Le plan prévoit des attaques d'édifices étatiques et des prises d'otages par des saboteurs au passé militaire camouflés en civils", a ajouté Maia Sandu dans un discours (en anglais) disponible sur le site de la présidence moldave.
2Comment la Russie réagit-elle ?
Moscou a démenti mardi tout "plan de déstabilisation de la Moldavie". Les affirmations de la dirigeante moldave "sont absolument infondées et sans preuves", a assuré le ministère russe des Affaires étrangères. Il accuse en outre l'Ukraine d'être à l'origine de cette "désinformation" pour nourrir les tensions entre la Russie et la Moldavie.
3Quelles sont les relations entre Moscou et Chișinău ?
La Moldavie doit déjà composer avec la présence de soldats russes sur son territoire, ainsi que d'un important stock de munitions dans la région séparatiste prorusse de Transnistrie. Le pays dénonce également depuis des mois "le chantage énergétique de la Russie", qui a diminué de moitié ses livraisons de gaz. La Moldavie était totalement dépendante des importations de gaz russe avant le début du conflit. Fragilisé par la crise économique et énergétique, le gouvernement de Natalia Gavrilița a d'ailleurs démissionné vendredi, rappelle Euractiv. L'ancienne Première ministre a depuis été remplacée par un nouveau chef de gouvernement pro-européen, Dorin Recean.
La situation géographique de la Moldavie, voisine de l'Ukraine, inquiète les autorités du pays. Le ministère de la Défense a annoncé vendredi avoir détecté un projectile probablement tiré depuis la mer Noire ayant survolé deux villages dans sa course vers l'Ukraine. L'ambassadeur de la Russie a été convoqué dans la foulée. En octobre dernier, trois missiles avaient déjà survolé le territoire moldave.
4Comment la Moldavie compte-t-elle se défendre ?
Dans ce contexte, Maia Sandu a annoncé un projet législatif visant à donner aux procureurs et aux services de renseignement "les instruments nécessaires pour combattre efficacement les risques d'atteinte à la sécurité nationale". "La forme d'attaque la plus agressive est une attaque de désinformation", a-t-elle ajouté, demandant aux citoyens de ne faire confiance qu'aux informations transmises par les autorités. La présidente moldave a promis que "les tentatives du Kremlin de créer de la violence en Moldavie ne fonctionneraient pas", promettant de lutter "pour la sécurité des citoyens et de l'Etat".
Mardi 14 février, le pays a fermé son espace aérien pendant quelques heures, "pour garantir la sécurité et la sûreté de l'aviation civile", selon les autorités moldaves, qui n'ont pas donné plus de précisions.
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