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Guerre en Ukraine : trois questions sur le retour des commandants du régiment Azov, prisonniers en Turquie

Ces commandants, appartenant au régiment Azov et faits prisonniers par les troupes russes, devaient rester en Turquie jusqu'à la fin du conflit.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 3 min
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (au centre), entouré des commandants des bataillons Azov, le 8 juillet 2023 dans un avion stationné à Istanbul (Turquie). (UKRAINE PRESIDENCY / ANADOLU AGENCY / AFP)

Le retour des "héros". Volodymyr Zelensky est revenu de sa visite en Turquie, samedi 8 juillet, avec le commandant d'Azov, Denys Prokopenko, son adjoint Sviatoslav Palamar, le commandant de la 36e brigade de marine des forces armées ukrainiennes, Serhi Volynsky, ainsi que Denys Chlega et Oleg Khomenko. Ces cinq hommes faisaient partie du régiment Azov, formé sur la base du bataillon ultranationaliste du même nom. Ils avaient été capturés par les forces russes après la chute de Marioupol en mai 2022. 

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Franceinfo revient sur ce rapatriement qui ne plaît pas à Moscou, alors qu'il était prévu que les cinq hommes restent en Turquie jusqu'à la fin du conflit.

1Qui sont ces hommes ?

Denys Prokopenko, Sviatoslav Palamar, Serhi Volynsky, Denys Chlega et Oleg Khomenko faisaient partie de la résistance ukrainienne dans les souterrains de l'aciérie Azovstal de Marioupol, qualifiée d' "héroïque" par Volodymyr Zelensky. Assiégés par les Russes dans cette usine pendant plus de 40 jours, ils s'étaient rendus à la mi-mai 2022. "Au cours des 24 dernières heures, 771 combattants du régiment nationaliste Azov se sont constitués prisonniers", avait notamment revendiqué Moscou, le 19 mai.

Ils ont fait partie de l'important échange de prisonniers militaires entre la Russie et l'Ukraine qui avait eu lieu le 21 septembre 2022. Kiev avait récupéré 215 prisonniers, dont les 188 "héros" qui avaient défendu l'aciérie et parmi eux, 108 membres du régiment Azov. 

Ces cinq commandants militaires avaient alors été transférés en Turquie, où ils devaient rester "en sécurité absolue et dans des conditions confortables" jusqu' "à la fin de la guerre", avait assuré le président ukrainien aux termes d'un accord conclu avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Les cinq hommes n'auront donc pas eu à attendre la fin de cette guerre.

2Dans quelles conditions ont-ils été libérés ?

Ce rapatriement des cinq soldats intervient après le premier voyage en Turquie de Volodymyr Zelensky depuis le début du conflit et quelques jours avant le sommet de l'Otan à Vilnius, en Lituanie, qui se tient les 11 et 12 juillet. Recep Tayyip Erdogan a d'ailleurs profité de sa visite pour rappeler que l'Ukraine "mérite" selon lui de rentrer dans l'Alliance atlantique.

On ignore cependant les détails qui ont mené à ce retour, Volodymyr Zelensky n'ayant apporté aucune explication sur les conditions de cette libération. Tout juste sait-on que ce rapatriement intervient après des "négociations avec la partie turque". Côté turc, la Direction des communications du pays n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires, rapporte le Guardian.

Une fois rentré en Ukraine, Denys Prokopenko, commandant du régiment Azov, n'a commenté que les nouvelles du front : "La chose la plus importante pour aujourd'hui est que l'armée ukrainienne a saisi l'initiative stratégique en première ligne et avance chaque jour", a-t-il balayé. Son adjoint Sviatoslav Palamar a ajouté que son équipe continuerait à faire "[son] travail". "Nous sommes des militaires. Nous avons prêté serment", a-t-il insisté, d'après des propos rapportés par CNN.

3Comment a réagi la Russie ?

Le Kremlin a fustigé samedi ce rapatriement. Ces cinq hommes sont particulièrement ciblés en Russie pour leurs liens avec les milieux ultranationalistes ukrainiens"Le retour des commandants d'Azov de la Turquie vers l'Ukraine n'est rien d'autre qu'une violation directe des termes des accords existants", a critiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Les termes de l'accord qui prévoyaient en effet que ces hommes demeurent en Turquie jusqu'à la fin du conflit.

Selon Dmitri Peskov, ce retour est lié à "l'échec de la contre-offensive" ukrainienne menée depuis début juin, ainsi qu'à la volonté d'Ankara de montrer sa "solidarité" avant le sommet de l'Otan de Vilnius. "Les préparatifs du sommet de l'Otan sont en cours et, bien sûr, il y a eu beaucoup de pression sur la Turquie", a-t-il déclaré.

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