Guerre en Ukraine : "Une victoire ukrainienne est possible", selon l’ambassadeur de France en Ukraine
Alors que cela était "inimaginable" au début de la guerre, une victoire ukrainienne fait désormais partie des possibilités selon Etienne de Poncins. L'attitude "offensive" de l'armée ukrainienne ces dernières semaines est pour lui "un tournant".
Etienne de Poncins, ambassadeur de France en Ukraine, a assuré mardi 13 septembre sur franceinfo qu'"une victoire ukrainienne est possible" après deux-cents jours de conflit. Les troupes ukrainiennes ont lancé début septembre une contre-offensive dans le sud et l'est du pays. Ils ont repris aux Russes plus de 6 000 kilomètres carrés.
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"Le fait d'être passé d'une attitude défensive des Ukrainiens à une attitude offensive marque, en matière militaire, un tournant", estime l'ambassadeur. Mais "ce n'est pas une débandade, c'est une retraite en ordre" de la part de l'armée de Poutine, tempère-t-il.
franceinfo : Avez-vous été surpris par les avancées de l'armée ukrainienne ?
Etienne de Poncins : Non, parce qu’on avait déjà deux beaux succès défensifs de la part des Ukrainiens depuis le début de cette guerre. D'abord, lorsque les Russes ont tenté de prendre Kiev tout au début, et puis ensuite au cours de l'été, lorsqu'ils ont cherché à avancer dans le Donbass avec des attaques d'artillerie. Les Ukrainiens, à la surprise assez générale, ont réussi à bloquer les Russes. Cette offensive, elle vient en plus. Et effectivement, les résultats sont remarquables.
Comment expliquer cette poussée ? Est-ce grâce aux hommes, à la stratégie, aux armes ?
Un peu tout ça. D'abord, le courage des Ukrainiens, leur détermination. C’est aussi l'arrivée des armes occidentales, notamment les fameux canons Caesar français.
"C'est aussi une faillite, très probablement du renseignement russe, qui n'a pas vu où allait se situer l'offensive principale ukrainienne."
Etienne de Poncins, ambassadeur de France en Ukrainesur franceinfo
Donc, il y a un peu un mélange de tout.
La France va-t-elle continuer de livrer des armes à l'Ukraine ?
Oui, absolument. Il y a un dialogue constant avec les Ukrainiens. Les deux ministres de la Défense s'appellent très régulièrement, nos présidents également. Il y a un flux continu qui va se poursuivre aussi longtemps que durera la guerre. Le président de la République a été très clair sur ce sujet. Nous sommes depuis le 24 février, fermement aux côtés des Ukrainiens qui défendent leur intégrité territoriale, qui défendent leur pays face à l'agression russe. Nous continuerons, cette ambassade notamment, à être solidement aux côtés de ces Ukrainiens qui se battent admirablement.
L’avancée des forces ukrainiennes s’explique par "le courage des Ukrainiens, l’arrivée des armes occidentales, une faillite des renseignements russes", selon l’ambassadeur de France en Ukraine, Étienne de Poncins, selon qui "une victoire est possible". pic.twitter.com/Bs63wc9pTk
— franceinfo (@franceinfo) September 13, 2022
Est-ce que l'on peut parler de tournant dans cette guerre ?
Le fait d'être passé d'une attitude défensive des Ukrainiens à une attitude offensive marque effectivement, en matière militaire, un tournant.
Imaginez-vous que l'Ukraine puisse sortir victorieuse de cette guerre ?
C'était complètement inimaginable le 24 février, puisque la plupart des experts pensaient que l'Ukraine serait balayée en quelques jours. Aujourd'hui, ce n'est plus exclu. Ça fait partie des possibilités : une victoire ukrainienne est possible.
La Russie parle de redéploiement de ses troupes. Peut-on la croire ?
Les Russes ont toujours des expressions assez étonnantes lorsqu'ils reculent, ils appellent ça "un geste de bonne volonté", etc. Donc, une retraite, c'est quand même une retraite. Après, on peut la présenter comme on veut. Ce qui est vrai, c'est que ce n'est pas une débandade. C'est une retraite en ordre. Il n'y a pas de prisonniers russes de façon massive par les troupes ukrainiennes. Et donc il y a un repli.
Vladimir Poutine peut-il réagir par un déluge de feu supplémentaire sur l'Ukraine ?
On a déjà vu cela avant-hier, puisque les missiles russes ont frappé les infrastructures énergétiques, notamment à Kharkiv. Mais en même temps, c'est aussi la réalité ukrainienne, les Ukrainiens ont réussi à rapidement remettre le courant. Aujourd'hui, beaucoup de missiles russes sont arrêtés par la défense antiaérienne ukrainienne.
Pensez-vous que les deux camps accepteront une zone de sécurité autour de cette centrale nucléaire de Zaporijjia, comme le réclame l'Agence internationale de l'énergie atomique ?
Nous appuyons tous les efforts de l'Agence de l'énergie atomique. Notre président de la République est très mobilisé sur le sujet. Il y a beaucoup de négociations et de discussions. Nous espérons qu'elles vont aboutir.
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