Guerre en Ukraine : venue de Lettonie, une infirmière volontaire dénonce l'inaction des pays occidentaux
"J'étais assise dans les transports pour aller au travail. Je regardais les dernières nouvelles, et quand j'ai vu qu'ils bombardaient des hôpitaux, qu'ils tuaient d'autres soignants et des patients, je me suis dit que c'en était trop et qu'il fallait que je parte en Ukraine." La scène se déroule le 24 février 2022, à Riga. Au premier jour de l'agression russe, il ne faut à Sarmité que quelques secondes pour prendre sa décision. "C'est Poutine qui m'a décidée", assure-t-elle. Sept mois plus tard, le 24 septembre dernier, l'infirmière quitte la Lettonie, direction l'Ukraine, et n'en est toujours pas repartie.
"À l'origine je pensais venir comme médecin volontaire, faire mon boulot et puis, après plusieurs semaines, revenir à la maison. Mais ils m'ont dit que j'étais trop précieuse et que je devais rejoindre l'armée ukrainienne", confie Sarmité. Elle est désormais responsable d'une infirmerie, sur le front de Bakhmout, là où les combats sont les plus violents, avec des centaines de médicaments qu'elle a elle-même triés et ordonnés.
"Je suis aux côtés des soldats ukrainiens pour me protéger"
Ce qui l'a motivée, outre le fait de voir des hôpitaux bombardés, c'est aussi la situation des pays baltes dont elle est originaire. Après l'Ukraine, la Pologne, la Lettonie, la Lituanie et leurs voisins sont en première ligne. Alors si Sarmité est venue se battre pour l'Ukraine, son engagement, comme celui de plusieurs volontaires de son bataillon, dépasse ce simple cadre. "Si la situation n'est pas bonne pour l'Ukraine, elle ne l'est pas non plus pour nous. Depuis des années, la Pologne et les États baltes ont averti les pays de l'Ouest à propos de la Russie et de Poutine", rappelle Sarmité, selon qui l'Occident "ne nous a pas pris au sérieux".
"Les pays occidentaux nous répondaient que nous étions victimes de stress post-traumatique à cause de l'Union soviétique. Le résultat, c'est qu'ils n'ont rien fait à part mettre en place quelques sanctions."
Sarmité, infirmière lettone engagée sur le front de Bakhmoutà franceinfo
"C'est l'une des raisons pour lesquelles je suis ici aux côtés des soldats ukrainiens, poursuit l'infirmière. Pour qu'ils restent en vie. Ils pourront alors continuer à protéger leur pays, et à me protéger." Et s’il le faut, elle restera "jusqu'à la fin de la guerre", assure-t-elle. Pour l'instant, il lui est de toute façon "impossible" de rentrer chez elle et de se "demander tous les jours ce que deviennent les soldats [qu'elle] soigne".
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