: Reportage Immersion au sein d'une équipe d’artilleurs ukrainiens de Bakhmout : "Les Russes ont beaucoup plus de munitions, c'est pourquoi on tire moins, mais plus précisément"
Ils se terrent à trois mètres sous le sol. Dans la pénombre, les soldats dorment, lisent, mangent, passent le temps comme ils peuvent, jusqu'à ce qu'un ordre leur parvienne. "Est-ce que tu m'entends ? – Je t'entends cinq sur cinq." L'officier de liaison allume alors sa tablette.
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À l'aide d'un drone, l'officier observe en temps réel la cible. L'objectif de la matinée, pour ces soldats ukrainiens engagés dans la bataille de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, est un BMP, un véhicule de combat d'infanterie russe, à quatorze kilomètres de leur position. "Nous avons des éclaireurs qui passent derrière les lignes ennemies pour espionner. Les drones améliorent la détection, mais à la fin, c'est le même résultat", explique-t-il. Il faut ensuite marcher 500 mètres dans la boue jusqu'au canon MSTA-S, de fabrication soviétique. Cinq artilleurs s'installent. "Le canon est chargé, la cible en vue. Reculez, là-bas ! Feu !"
Deux des six canons de l'unité à l'arrêt, faute de munitions
On s'éloigne un peu du canon. Il ne faut pas rester ici juste après le tir. Il faut partir vite. "C'est plus sûr. L'ennemi a des radars et il détecte la provenance des tirs. Et ensuite, ils nous ciblent. Ça devrait arriver dans pas longtemps", explique le chef de cette unité. Il dirige 74 hommes répartis sur six positions au sud de Bakhmout. "Les Russes ont beaucoup plus de munitions que nous. Ils tirent massivement sur nos positions. On ne peut pas répondre à chacun de leurs obus. C'est pourquoi on tire moins, mais plus précisément."
La question de la chute de Bakhmout se fait de plus en plus pressante. "On ne peut pas l’exclure dans les jours qui viennent", a déclaré mercredi 8 mars le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, qui s’adressait à la presse avant le début d’une réunion informelle des ministres de la Défense de l'Union européenne. Sur le terrain, le groupe paramilitaire Wagner revendique la prise de la partie orientale de la ville. Dans les faubourgs, les combats d’infanterie, au corps à corps continuent, sous le feu continu de l’artillerie.
"Nous n'avons plus d'obus de 152 mm de type soviétique, confirme notre chef d’unité. Les usines n'en produisent plus. Nous avons maintenant besoin de canons aux standards de l'Otan et des obus de 155 mm qui vont avec." Depuis le début de l'hiver, deux des six canons de son unité sont à l'arrêt, faute de munitions.
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