"Ils se sont comportés comme des bêtes" : le traumatisme des Ukrainiens d’Okhtyrka, ville martyre dévastée par les bombardements russes
La ville d'Okhtyrka, près de la frontière russe, dans le nord-est ukrainien, a reçu le statut de ville héroïque après avoir été ravagée par un mois de bombardements russes. Ses habitant tentent de reprendre une vie normale, mais craignent que le répit ne soit de courte durée.
Irina est une revenante : au quinzième jour des bombardements qui ont ravagé Okhtyrka, près de la frontière russe, dans le nord-est de l’Ukraine, elle a fui la ville dans un convoi avec sa vieille mère. Dimanche, elle est revenue chez elle, bouleversée par l’ampleur des destructions.
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Dévastée par les combats, Okhtyrka a reçu le statut de ville héroïque au même titre que Nicolaiv et Irpin, deux autres autres villes martyres. "Je n'ai pas assez de mots : c'est une horreur, soupire-t-elle. Bombarder une ville pareille, c'est horrible. Ils se sont comportés comme des bêtes : ce sont des parasites. Je suis choquée."
À côté de plusieurs maisons qui semblent avoir été malaxées par un ouragan, devant des garages en tôle qui semblent gonflés comme des ballons, Pavlo Petrovich, le maire de la ville, accuse les Russes d’avoir utilisé plusieurs bombes thermobariques, qui aspirent l’oxygène et provoquent une explosion à très haute température. Pour Pavlo Petrovich, il n’y a pas de limite dans cette guerre.
"On peut toujours s'attendre à une frappe nucléaire car ils ont déjà lancé tout ce qu'ils pouvaient utiliser : des bombes au phosphore, thermobariques, à sous-munitions... Tout ce qui est interdit par la Convention de Genève ! Ils ont tout utilisé, sauf la bombe atomique."
Pavlo Petrovichà franceinfo
Les Russes ont bombardé la ville pendant un mois. En effet, Okhtyrka est une ville stratégique et la défense territoriale a tenu. Andrey en fait partie : "C'est le chemin de la ville de Poltava, souligne-t-il, et donc la route de Kiev. Alors on voulait vraiment les arrêter, garder les Russes à distance."
Devant la mairie en ruines, les employés évacuent les débris avec un vieux tracteur. Les habitants ont fait en sorte d’entretenir la ville tant bien que mal. "Depuis le début, on a toujours nettoyé : après chaque bombardement, on a fait en sorte de réparer les services publics, l'électricité et l'eau, ce qui est le plus important, explique Pavlo Petrovich. À chaque fois qu'on pouvait, on réparait." Comme les autres, le maire craint que le répit que connaît sa ville soit de courte durée. Les Russes se sont retirés il y a six jours, au lendemain de l’annonce officielle d’un redéploiement plus à l’est.
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