Invasion russe : les Ukrainiens "font bloc autour" du président Zelensky, "une force" selon l'historien Antoine Arjakovsky
Pour l'historien Antoine Arjakovsky, "les Ukrainiens vont se battre jusqu'au dernier homme pour éviter ce que veut Poutine, à savoir, placer un gouvernement fantoche à Kiev".
Il y a en Ukraine, autour du président Volodymyr Zelensky "une prise de conscience qu'il faut faire bloc derrière lui", a affirmé jeudi 24 février sur franceinfo Antoine Arjakovsky, historien, directeur de recherche au Collège des Bernardins et spécialiste de l’Ukraine, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Antoine Arjakovsky souligne "une inégalité des forces" entre la Russie et l'Ukraine. "L'armée russe est trois fois plus puissante que l'armée ukrainienne." Mais selon lui, "les Ukrainiens ont une force supérieure par rapport à la Russie : ils font bloc autour de Zelensky. Pas sûr que les Russes fassent bloc autour Vladimir Poutine".
Volodymyr Zelensky est "un président populaire" qui garde "un niveau de popularité supérieur à celle de ses prédécesseurs". L'historien rappelle que dans un discours à la Conférence de sécurité à Munich le week-end dernier, le président ukrainien "a emporté l'enthousiasme de tous les partis, y compris de monsieur Petro Porochenko, son opposant politique immédiat" et ancien président. "Il y a une sorte d'union nationale qui est en train d'avoir lieu autour de Zelensky. Les quelques politiciens pro-russes sont chassés de toutes les émissions de radio et de télévision. On ne veut plus les entendre".
Antoine Arjakovsky assure que "les Ukrainiens vont se battre jusqu'au dernier homme pour éviter ce que veut Poutine, à savoir, placer un gouvernement fantoche à Kiev, signer un pacte de réconciliation avec ce gouvernement fantoche, et obtenir de lui les deux conditions qu'il a édicté : la reconnaissance que la Crimée est bien russe, et ne plus envisager d'adhérer à l'Otan". L'historien a "la certitude que cela ne passera jamais". Il souligne qu'à Kiev, la population n'a pas "envie d'être manipulée". Elle est une population "qui a une expérience de l'Occident". Selon lui en Russie, "le président Poutine n'est plus populaire comme il l'était". Il note que son discours diffusé jeudi matin "montre qu'il a perdu un total contact avec la réalité. Dans son esprit, la Russie est en 1941". Antoine Arjakovsky pense que les Russes "ne vont pas rentrer dans cette logique compétemment folle".
Selon lui, la situation ne va pas se régler "toute seule". Il plaide pour que l'Occident "sanctionne très durement la Russie. Car il faut que la société russe se désolidarise du gouvernement russe. Le nerf de la guerre est là". Il martèle qu'il y a "unanimité indispensable" au niveau international "pour lutter contre cette invasion de l'Ukraine sans précédent". Mais il alerte que "la question n'est pas simplement au niveau du droit international, mais aussi au niveau du militaire". Antoine Arjakovsky reste "inquiet" et estime que l'on "met beaucoup de temps" à décider des sanctions. Il attend "des gestes immédiats", car déjà "des quartiers de Kiev ont été bombardés".
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