Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de l'invasion russe lancée par Vladimir Poutine
Le président russe a ordonné jeudi une opération militaire d'envergure en Ukraine, avec des frappes aériennes et l'entrée de forces terrestres depuis plusieurs directions.
Le président russe, Vladimir Poutine, a lancé, dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 février, une "opération militaire" en Ukraine. En fin de journée, les troupes russes avaient pris le contrôle de plusieurs parties du pays, dont la centrale nucléaire de Tchernobyl, située sur la route de Kiev, et l'aéroport militaire de Hostomel, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale ukrainienne.
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Franceinfo fait le point sur l'invasion russe en Ukraine.
La Russie prétend "dénazifier" l'Ukraine
Dans une déclaration publiée à l'aube, jeudi, Vladimir Poutine a déclaré s'efforcer "d'arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine", assurant pour cela ne pas avoir "dans [ses] plans une occupation des territoires ukrainiens". "Nous ne comptons imposer rien par la force à personne", a-t-il affirmé, appelant les militaires ukrainiens "à déposer les armes".
Peu de temps après, l'autocrate russe a donné le signal des hostilités en lançant une invasion de l'Ukraine, avec des frappes aériennes à travers le pays, notamment à Kiev. Des forces terrestres russes sont également entrées sur le territoire ukrainien, depuis le nord, l'est et la Crimée annexée.
L'armée russe qui, selon des agences de presse russes, vise les sites militaires ukrainiens avec des "armes de haute précision", a affirmé avoir détruit les systèmes de défense anti-aérienne ukrainiens et mis "hors service" les bases aériennes à travers le pays, sans donner plus de détails. La Russie a affirmé jeudi soir qu'elle avait rempli "avec succès" tous les objectifs fixés au premier jour de son invasion.
La carte des bombardements recensés : toute l’Ukraine est visée. pic.twitter.com/yOoFEQk5Uj
— Emilie Tran Nguyen (@EmiliETN) February 24, 2022
L'Ukraine dénonce une "guerre d'agression"
Face à l'invasion russe, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a proclamé jeudi la loi martiale dans le pays, appelé ses concitoyens à "ne pas paniquer", avant d'annoncer la rupture des relations diplomatiques avec Moscou. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a pour sa part dénoncé sur Twitter "une guerre d'agression".
Putin has just launched a full-scale invasion of Ukraine. Peaceful Ukrainian cities are under strikes. This is a war of aggression. Ukraine will defend itself and will win. The world can and must stop Putin. The time to act is now.
— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) February 24, 2022
Tout au long de la journée, Kiev a vu les soldats russes avancer dans le pays. Ces derniers ont notamment conquis un aéroport militaire situé à une quarantaine de kilomètres de Kiev, a reconnu jeudi le président ukrainien en promettant de le reprendre. Une série d'explosions ont été entendues dans la capitale, où les sirènes d'alarme antibombardement ont retenti.
D'autres explosions ont rententi à Odessa, sur la mer Noire, ainsi qu'à Marioupol, principal port de l'est du pays pourtant relativement épargné ces dernières semaines. Des combats ont également éclaté près du dépôt des déchets nucléaires de la centrale de Tchernobyl, à quelque 130 km de Kiev. En fin de journée, les Russes étaient maîtres des lieux, selon la présidence ukrainienne.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a comparé l'invasion russe de l'Ukraine aux agissements de "l'Allemagne nazie". "La Russie a attaqué l'Ukraine de façon lâche et suicidaire", a-t-il déclaré au cours d'un briefing retransmis sur Facebook.
Des pertes humaines des deux côtés
Kiev affirme avoir tué une cinquantaine d'"occupants russes près de la localité de Chtchastia", dans l'est de l'Ukraine, a assuré l'état-major de l'armée ukrainienne dans un communiqué. L'Ukraine précise aussi avoir abattu cinq avions et un hélicoptère russes.
Cependant, le gouvernement ukrainien déplore la mort d'au moins 40 soldats et d'une dizaine de civils tués aux premières heures de l'invasion russe, a annoncé un conseiller de la présidence. En fin de matinée, un avion militaire ukrainien s'est écrasé jeudi près de Kiev avec 14 personnes à bord, a annoncé le service d'Etat pour les situations d'urgence. En outre, l'armée russe a affirmé jeudi après-midi avoir détruit 74 installations militaires, dont onze aérodromes.
Les Ukrainiens prennent la fuite
Les fuites des civils se multiplient en Ukraine. A Kiev, des voitures remplies de familles fuyaient la capitale, le plus loin possible de la frontière russe, située à 400 km. A Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, où les Etats-Unis et plusieurs autres pays ont déplacé leurs ambassades, les sirènes d'alerte aérienne ont sonné. Les habitants ont reçu des messages de l'administration régionale les appelant à "rester calme" et à attendre des instructions.
A Tchouhouïv, située à 30 km de Kharkiv, les habitants tentent de fuir les bombardements russes qui ont résonné une partie de la nuit. La police ne pouvait pas encore fournir de bilan mais au petit matin, les dégâts étaient considérables.
D'une manière générale, les évacuations de civils deviennent de plus en plus difficiles, voire impossibles comme à Novotochkovka. Quelques heures après le début de l'offensive, les tirs d'artillerie russes y étaient déjà trop nourris et les communications compliquées.
Une attaque condamnée par une grande partie de la communauté internationale
La communauté internationale a immédiatement réagi à l'annonce de l'opération militaire russe en Ukraine. Des réunions d'urgence sont prévues dans plusieurs pays occidentaux, ainsi qu'au sein de l'Otan et dans l'Union européenne.
Le président des États-Unis, Joe Biden, a dénoncé "l'attaque injustifiée" de la Russie contre l'Ukraine. "La Russie, seule, est responsable de la mort et de la destruction que cette attaque provoquera", a-t-il insisté, assurant que "le monde exigerait des comptes de la Russie". Joe Biden a par ailleurs assuré qu'il allait rencontrer les dirigeants du G7, vendredi, afin d'imposer des "sanctions sévères à la Russie", tout en continuant de soutenir l'Ukraine.
De son côté, la France condamne "fermement" la décision de Vladimir Poutine et enjoint la Russie à "mettre immédiatement fin à ses opérations militaires", a déclaré le président Emmanuel Macron sur Twitter. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s'est fait encore plus menaçant, jeudi soir sur TF1, qualifiant Vladimir Poutine de "dictateur". "Il doit comprendre que l'alliance atlantique est une alliance nucléaire. Je n'en dirai pas plus."
La France condamne fermement la décision de la Russie de faire la guerre à l’Ukraine. La Russie doit mettre immédiatement fin à ses opérations militaires.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 24, 2022
"Consterné", le Premier ministre britannique, Boris Johnson, dit avoir "parlé au président Zelensky pour discuter des prochaines étapes", assurant que "le Royaume-Uni et [ses] alliés répondront de manière décisive". Il a annoncé une nouvelle série de sanctions, interdisant la compagnie aérienne Aeroflot et ciblant le secteur bancaire, les exportations de technologies et cinq hommes d'affaires.
I am appalled by the horrific events in Ukraine and I have spoken to President Zelenskyy to discuss next steps.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) February 24, 2022
President Putin has chosen a path of bloodshed and destruction by launching this unprovoked attack on Ukraine.
The UK and our allies will respond decisively.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a qualifié l'opération militaire russe de "violation éclatante du droit international", parlant d'une "journée sombre" pour l'Europe toute entière. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également condamné sur Twitter l'attaque "injustifiée" de la Russie contre l'Ukraine. Elle a affirmé que l'UE tiendrait "le Kremlin responsable".
L'opération miliaire russe a débuté en pleine réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Le secrétaire général, Antonio Guterres, a réagi en s'adressant directement au président russe : "Président Poutine, arrêtez vos troupes en direction de l'Ukraine, donnez une chance à la paix, trop de personnes risquent de mourir."
"Nous comprenons les préoccupations raisonnables de la Russie en matière de sécurité", a de son côté précisé le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à son homologue russe, Sergueï Lavrov.
L'Otan se mobilise
L'Otan a activé "ses plans de défense" pour déployer des forces supplémentaires dans les pays alliés de son flanc est. Un sommet en visioconférence se tiendra vendredi. Plus tôt, jeudi, le gouvernement polonais avait demandé à l'Otan d'activer l'article 4 du traité de l'Alliance qui prévoit des consultations en cas de menace à la sécurité de l'une des parties.
"L'Otan n'a pas de troupes en Ukraine et n'a aucun plan et aucune intention de déployer des troupes dans ce pays", a aussi affirmé son secrétaire général, Jens Stoltenberg.
"Nous avons augmenté notre présence dans l'est de l'Europe depuis des semaines. Nous avons des milliers de soldats et nous allons envoyer encore plus de forces dans les jours à venir", a précisé Jens Stoltenberg.
Des manifestants contre la guerre arrêtés en Russie
Des protestataires ont été interpellés aux abords de la place Pouchkine dans la capitale russe et à Saint-Pétersbourg tandis qu'ils manifestaient contre la guerre. L'ONG de défense des droits de l'homme russe OVD-Info a déjà comptabilisé près de 1 400 arrestations (en russe) dans 51 villes du pays.
Plus tôt dans la journée, les autorités russes ont promis de réprimer toute manifestation "non autorisée" organisée dans le pays contre la guerre en Ukraine.
D'autres manifestants sont également descendus dans la rue en Europe, comme à Berlin, Paris ou encore Varsovie et La Haye.
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