Marina Ovsiannikova, la journaliste qui a dénoncé la guerre en Ukraine en plein journal télévisé russe, témoigne
La journaliste russe Marina Ovsiannikova avait fait irruption pendant le journal de la principale chaîne de soutien au Kremlin, lundi 14 mars avec un panneau "non à la guerre, ne croyez pas à la propagande". Interpellée, poursuivie puis libérée, elle s'est confiée aux envoyés spéciaux de France Télévisions.
Depuis lundi 14 mars, son visage a fait le tour du monde. Marina Ovsiannikova, 43 ans, est la journaliste qui, sur la première chaîne russe, a brandi une affiche s'opposant à ce qui est appelé en Russie "l'opération spéciale en Ukraine". "C'était comme une pulsion. (...) Je pensais à 90% que mon sacrifice serait inutile et que personne ne me verrait", raconte-t-elle aux envoyés spéciaux de France Télévisions, à Moscou (Russie).
Ce geste, elle l'a mûri progressivement depuis le 24 février, jour de l'entrée des premières troupes russes en Ukraine. Un point de non-retour selon elle : "Cela a été un choc incroyable pour moi. Je ne pouvais ni manger ni boire, ni dormir, j'ai eu l'idée de faire une action marquante, pour dire au monde entier qu'il y avait des Russes qui étaient contre la guerre."
Elle risque 15 ans de prison
Pendant près de 20 ans, elle a travaillé pour la télévision d'État russe. Un média qui, assure-t-elle, reçoit ses ordres du pouvoir. Dans la Russie d'aujourd'hui, son geste autant que sa liberté de parole peuvent surprendre.
Certains l'accusent d'être manipulée. La journaliste nie en bloc : "Je suis juste une femme russe, normale qui a décidé d'exprimer sa position de citoyenne."
Après 14 heures d'interrogatoire et une première audience, elle a été libérée mardi 15 mars. Mais, pour son geste, elle risque encore 15 ans de prison. "Je ne fais pas de plan pour le futur", prévient-elle. Malgré les risques, elle dit ne pas vouloir quitter la Russie et assure être prête à poursuivre son engagement.
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