Pourquoi certains pays européens ont décidé d'interdire les importations de céréales ukrainiennes
La mesure est jugée "inacceptable" par l'Union européenne. La Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont fait savoir, samedi 15 et lundi 17 avril, qu'elles interdisaient provisoirement les importations de céréales et autres produits agricoles venus d'Ukraine, accusés notamment de déstabiliser leur marché agricole national.
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En Pologne, outre les céréales, ces interdictions concernent la viande, le lait, les œufs, le sucre et les fruits et légumes ukrainiens. Ces trois derniers produits sont également interdits à l'importation en Slovaquie, tout comme le vin et le miel. Pour la Hongrie, les interdictions s'appliqueront aux céréales, oléagineux et plusieurs autres produits. Pourquoi ces pays d'Europe centrale ou de l'Est prennent-ils ces mesures de restriction ? Franceinfo liste trois éléments de réponse.
1 Parce que ces denrées ont inondé les marchés nationaux
En mai 2022, l'Union européenne avait suspendu les droits de douane sur tous les produits importés d'Ukraine pour une durée d'un an. Les 27 s'étaient en outre organisés pour permettre à Kiev d'exporter ses stocks de céréales après la fermeture des itinéraires par la mer Noire, à la suite à l'invasion russe. Mais après cette décision, les Etats européens voisins ont vu fortement augmenter les arrivées de maïs, de blé ou de tournesol venus d'Ukraine, provoquant une saturation des silos et faisant chuter les prix locaux.
En cause, notamment, des problèmes logistiques : "La plupart des céréales devaient être réexportées de l'UE vers le Moyen-Orient et l'Afrique (...). Le grain est resté dans les pays proches de l'Ukraine en raison d'une pénurie de camions et de trains pour le transporter vers les ports voisins", explique le Financial Times (article en anglais et réservé aux abonnés).
Devant cet afflux de produits à bas coût, les revenus des agriculteurs des pays concernés ont chuté. Des manifestations de cultivateurs ont été organisées pour protester contre cette situation, comme le rapporte dans un tweet Michal Kolodziejczak, président du parti politique Agrounia, depuis Hrubieszow, en Pologne.
2 Parce que ces pays réclament davantage d'aides européennes
Face à ces problématiques, l'UE a proposé le 20 mars de puiser 56,3 millions d'euros dans la réserve de crise agricole européenne pour soutenir les agriculteurs déstabilisés en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie. "Bruxelles prévoit ainsi d'allouer 29,5 millions d'euros à la Pologne, 16,75 millions à la Bulgarie et 10,05 millions à la Roumanie", précise L'Express.
Des compensations trop faibles, d'après plusieurs Etats. Fin mars, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie ont réclamé des aides supplémentaires "pour soutenir les producteurs agricoles ayant subi des pertes". "Nous envisageons un deuxième paquet [d'aides], c'est en discussion", a répondu lundi la porte-parole de la Commission européenne pour le commerce et l'agriculture, Miriam Garcia Ferrer.
3 Parce que la Slovaquie dénonce la présence d'un pesticide interdit en Europe dans les denrées ukrainiennes
Au moment d'annoncer l'interdiction des importations de céréales et autres produits alimentaires en provenance d'Ukraine, le gouvernement slovaque a précisé que la mesure ne visait pas seulement à protéger le secteur agricole national, mais aussi la santé des consommateurs.
Le ministère de l'Agriculture a rapporté la semaine dernière qu'après avoir analysé un échantillon de céréales en provenance d'Ukraine, "la présence d'un pesticide, qui n'est pas autorisé dans l'UE et a un impact négatif sur la santé humaine" avait été détectée. Bratislava n'a pas fait davantage de commentaires à ce stade sur la nature ou la dangerosité de ce pesticide.
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