: Reportage Guerre en Ukraine : à Berdiansk, le quotidien des Ukrainiens sous occupation russe
Dans cette cité portuaire du Sud du pays, sur la mer Azov, les habitants paient désormais en roubles et les programmes scolaires vont être révisés. L'envoyé spécial de franceinfo a pu constater son emprise croissante de l'armée russe sur l'administration locale.
Sur la place principale de Berdiansk, ville portuaire du sud-est de l'Ukraine, quelques dizaines de personnes font la queue devant un bureau ouvert par le gouvernement russe. Leur objectif : obtenir un passeport russe, pour pouvoir circuler plus facilement dans ce territoire sous occupation ou par adhésion au nouveau pouvoir en place, à l'image de Tatiana, une femme de 58 ans : "Je suis pour la Russie depuis longtemps. Nous avons vécu sous la Russie, nous avons vécu sous l'Union soviétique, nous vivions tous amicalement, tout était paisible, il n'y avait pas de frontières."
"Nous vivions bien, mais après 1991, nous nous sommes séparés. Pourquoi se séparer ? Avant que l'Amérique ne vienne fourrer son nez ici, tout allait bien !"
Tatiana, habitante de Berdianskà franceinfo
Tous les habitants de Berdiansk ne montrent pas nécessairement autant d'enthousiasme vis-à-vis de la prise de contrôle militaire de la ville par l'armée russe. Depuis le début de la guerre en Ukraine, beaucoup ont fui la région et d'autres préfèrent se taire, comme cet homme croisé dans la rue. "Les gars, désolé mais c’est un sujet effrayant à aborder. Au revoir, glisse-t-il rapidement. Mais je peux dire que tout cela est désagréable." C'est un fait, la russification du sud de l'Ukraine est en marche. Et l'armée russe qui nous a emmené ici tient à le montrer.
Des programmes scolaires trop "pro-occidentaux"
Dans les magasins on paie en roubles, et dans les écoles on s'apprête à faire la rentrée avec des programmes russes, explique Galina Petrovna, la directrice pédagogique d'une école de Berdiansk : "En ce qui concerne les livres et les manuels que nous avions en Ukraine, ce n’était pas de la bonne littérature. Ce qu’ils racontaient était faux. Et les enfants devaient rédiger des rédactions sur des vues erronées. Des sentiments pro-occidentaux. Nous les avons confisqués et donnés à un service spécial qui va étudier ces documents."
Pour les autorités russes, la vie reprend normalement peu à peu dans ces territoires. Mais la rencontre avec le nouveau maire de Berdiansk s'effectue avec une escorte lourdement armée. Il y a quelques jours, le chef-adjoint de la police est mort dans un attentat à l'explosif. Alexandre Saoulenko explique ne pas avoir peur : "Il y a quelques jours il y a eu un attentat. Mais la conséquence de ces provocations, c’est qu’il y a une conviction croissante parmi les habitants de Berdiansk que ce qu’ils veulent, c’est la Russie, affirme l'élu. Parce que les gens veulent la paix et le bien. Et tout cela vient avec la Russie."
Dans quelques semaines, un référendum sera organisé dans ces territoires occupés pour savoir si les habitants veulent rejoindre la Russie.
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