: Reportage Guerre en Ukraine : à Kiev, la difficile identification des civils retrouvés morts après le départ des troupes russes
Plus de 1 200 personnes ont été retrouvées mortes dans la région de Kiev (Ukraine) après le retrait des militaires russes. Pour les familles comme pour les légistes, le long travail d'identification est éprouvant.
Dans l'une des deux morgues de Kiev (Ukraine), deux cercueils sont côte-à-côte. "Mon beau-père s'appelait Volodymyr Tcherednitchenko et ma belle-mère, Nadia Miakouchka", explique Artem, seul devant les deux cercueils. Comme eux, 1 220 personnes ont été retrouvées mortes dans la région de Kiev après le retrait des troupes russes, a annoncé dimanche 10 avril la procureure générale ukrainienne, près de deux semaines après le départ des militaires. Le bilan évoluera sans doute à la hausse dans les prochains jours car des familles cherchent encore leurs proches et le travail d'identification des victimes est toujours en cours.
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Le regard figé, des sanglots contenus, Ertem est venu reconnaître les corps de ses beaux-parents. "On a appris qu'ils avaient été tués le 24 mars. On les a cherchés dans toutes les morgues et on a su ensuite qu'ils étaient ici", raconte-t-il. L'enterrement a lieu dans l'après-midi à Irpin, une des villes occupées de la grande banlieue de Kiev les plus touchées par les combats.
"Mes beaux-parents n'ont pas voulu partir parce que mon beau-père avait mal au pied. Un blindé a tiré sur leur maison. Ils sont sortis en courant et ils ont été tués par des tirs d'armes automatiques. Les corps sont restés devant chez eux."
Artem, Ukrainien dont les beaux-parents sont mortsà franceinfo
Ces cadavres criblés de balles sont désormais allongés dans des cercueils à l'arrière d'un utilitaire. Ce sont les 147e et 148e victimes enregistrées ici depuis la fin de la bataille de Kiev. Le travail d'identification est méthodique. "Nous exploitons les empreintes ADN, les empreintes digitales et nous regardons s'il y a des traces particulières comme des tatouages ou des cicatrices", détaille Vadim, médecin légiste.
Les familles viennent ensuite chercher leurs proches. Une étape éprouvante pour Vadim. "Toutes ces personnes sont mortes à cause de la guerre. Ce sont des innocents qui ne méritent pas un tel destin. C'est difficile, je suis un humain comme les autres." Devant la morgue, il reste encore deux camions avec, dans chacune des remorques, une cinquantaine de cadavres dans des sacs mortuaires à identifier, puis à rendre aux familles.
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