: Reportage Guerre en Ukraine : à la découverte des médecins et des secouristes du bataillon des Hospitaliers, chargés d'évacuer les blessés de la ligne de front
En Ukraine, les combats continuent sur la ligne de front, à l’est dans le Donbass, au sud, mais aussi sur la ligne du nord de Kharkiv où les soldats russes ont fait leur plus grande percée de ces derniers mois. Les Russes ont été repoussés depuis que plusieurs pays, comme la France ou les États-Unis, ont accepté que leurs armes soient utilisées pour frapper et repousser l’armée russe à la frontière.
Les médecins et secouristes sont particulièrement visés par l’armée russe, qui frappe parfois une deuxième fois au même endroit pour les atteindre en pleine intervention. Une pénurie de médecins et de secouristes se fait donc sentir. Mais il existe un bataillon de volontaires, le bataillon des Hospitaliers, créé il y a dix ans avec pour mission de chercher et d’évacuer les blessés dans les tranchées, sur la ligne de front. Le bataillon forme à l’arrière-front, dans le Donbass, des volontaires pour qu’ils renforcent d’autres unités ou s’occupent des civils, comme l'a constaté franceinfo.
"Si le médecin de guerre ne tire pas, ce n’est pas un médecin de guerre"
L’armée ukrainienne a mis en place des simulations de situation au front pour entraîner ses apprentis secouristes. Ils apprennent à porter secours aux soldats blessés en leur posant des garrots mais surtout en les évacuant rapidement, car les Russes tirent souvent une deuxième fois pour atteindre les médecins. Kalash, un médecin chef au sein du bataillon des Hospitaliers, estime "qu'il faut que la simulation soit aussi proche que possible de la réalité des combats".
"Le médecin sur le front doit d’abord avoir une vision tactique et stratégique des combats et il doit savoir tirer. Si le médecin de guerre ne tire pas, ce n’est pas un médecin de guerre, parce qu’il doit accomplir son devoir sous les frappes, assure le spécialiste. Il doit savoir ce qui peut servir d’abri, transmettre correctement les informations médicales pour les étapes suivantes d’évacuation et coordonner son unité médicale pour ne pas avoir d’autres blessés."
La formation des futurs secouristes
Parmi les élèves, Kasper, chef secouriste de 22 ans et sans aucune formation médicale au préalable, pratique au sein du régiment Azov qui est déployé au nord de Donetsk. "Il y a tellement d’éléments dans la composition des médicaments, quel dosage, quelle posologie, voilà ce que j’ai appris. J’aurais peut-être pu sauver les jambes d’un soldat. Quand j’étais débutant, je ne savais pas grand-chose et je n’ai pas pu aider assez", regrette-t-il.
Les formateurs initient aussi des civils comme Sacha, actrice d’un théâtre de Kharkiv de nouveau sous les bombes ces deux derniers mois. "Au début, je voulais faire cette formation pour moi-même. Mais plus j’apprends, plus je comprends que j’ai acquis plein de connaissances. Je voudrais bien rejoindre le bataillon des Hospitaliers ou un autre bataillon volontaire pour aider non seulement les civils, mais aussi les militaires sur le front."
En deux ans de guerre, le bataillon des Hospitaliers a évacué plus de 5 000 soldats de la ligne de front. Vingt-quatre soldats secouristes ou médecins sur les 500 du bataillon sont morts au combat, sans compter ceux fait prisonniers et les disparus, le bataillon ne voulant pas communiquer sur ces chiffres.
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