: Reportage Guerre en Ukraine : à la rencontre de la "police du ciel", les pilotes français qui surveillent l'espace aérien de l'Otan en Europe
De Pologne en Roumanie, la guerre en Ukraine inquiète particulièrement les pays de l'Europe de l'Est. Depuis le début de l'offensive russe, le ciel des pays en lisière de l'Ukraine est particulièrement surveillé, notamment celui de la Pologne, pays membre de l'Otan. La France contribue à cette surveillance de l'espace aérien avec l'envoi de Rafale de l'armée de l'air. Depuis le 24 février et l'invasion russe de l'Ukraine, ces décollages – avec systématiquement deux avions – sont quotidiens. En ce moment, ces avions partent depuis la base de Mont-de-Marsan dans les Landes. Celle de Saint-Dizier en Haute-Marne participe aussi à ses missions. En attendant de reprendre le relais de la base de Mont-de-Marsan, franceinfo a rencontré ces soldats aguerris qui se préparent.
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Avant chaque décollage des avions de chasse au fuselage gris, les équipes font le "tour avion", pour vérifier que l'avion est "prêt à partir". Le 24 février 2022, six heures après le début de l'offensive russe deux Rafale en provenance de la base aérienne de Mont-de-Marsan étaient déjà dans les airs, direction la frontière Est de l'Otan : "Notre ADN, c'est d'être réactif et agile, explique le colonel Christophe, commandant de la 4e escadre de Saint-Dizier. Donc en fait, on a participé dès le début du conflit en Ukraine".
"C'est une mission de police du ciel. On est à la frontière de l'Ukraine et on s'assure que l'intégrité du territoire européen n'est pas remise en cause. Ce qui est le cas jusqu'à aujourd'hui, on n'a pas d'incident particulier à remonter depuis notre participation à ces missions."
Colonel Christophe, commandant de la 4e escadre de Saint-Dizierà franceinfo
Chaque départ est préparé la veille et le jour J, après une ultime réunion, les pilotes en combinaison kaki signent l'épais cahier d'ordres dans la salle des opérations. Le matériel nécessaire est passé en revue, "comme les jumelles ou la tablette, qui sont des aides à la navigation", explique le commandant Vincent qui a patrouillé plusieurs fois dans l'espace aérien polonais. "On aura deux ou trois petites choses en plus, comme de la nourriture, parce que ce sont des missions longues." La trousse de secours, la radio, des sandwichs, des petits gâteaux et un peu d'eau. De quoi tenir, pendant la mission qui dure plus de six heures avec plusieurs ravitaillements en carburant en plein vol. "Ce n'est pas une mission qu'on fait tous les jours sur le sol français. Elle est particulière parce qu'elle peut s'effectuer en interalliés, parce qu'elle demande aussi pas mal de préparation et de coordination avec les autres nations", précise le commandant Vincent.
"Lever le doute"
Un travail de précision pour les capitaines Thomas et Charles habitués des théâtres extérieurs au Levant et au Sahel. "On organise les deux avions de façon à pouvoir détecter la plupart des aéronefs qui évolueraient dans la zone qui nous est confiée, explique le capitaine Thomas. Un avion civil qui traverse cette zone et qui a par exemple un plan de vol qui ne correspond pas à ce qui était prévu, notre objectif, ça va être de lever le doute sur cet avion pour être sûr qu'il ne s'agit pas d'une manœuvre d'un pays pour tester la réactivité des défenses des pays de l'Otan, ou ce genre de chose."
"Ce sont des vols déclenchés par rapport à la guerre en Ukraine, dissuasifs et non escalatoirs", ajoute le capitaine Charles. De son côté, l'Otan qui redoute une prochaine vaste offensive russe va augmenter son aide militaire à l'Ukraine.
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