: Reportage Guerre en Ukraine : ces Russes qui craignaient une deuxième vague de mobilisation
Trois jours avant le premier anniversaire de l'offensive russe en Ukraine, Vladimir Poutine s'est exprimé devant les deux assemblées du Parlement russe, mardi 21 février, en présence de commandants de l'armée et de soldats. Dans ce discours au vitriol, le chef du Kremlin a juré de poursuivre son offensive militaire de façon "méthodique". Depuis plusieurs semaines, en Russie, la rumeur bruissait d'une deuxième vague de mobilisation.
Le 21 septembre dernier, Vladimir Poutine a annoncé une première vague, avec 300 000 hommes supplémentaires envoyés en Ukraine. Les semaines suivantes, 700 000 Russes auraient fui leur pays selon une estimation du magazine Forbes. "Je ne voulais pas aller à la guerre, se souvient Timour, qui a décidé de s'enfuir. Ma collègue m'a dit qu'elle avait des amis au Tadjikistan alors j'ai acheté un billet pour Douchanbé, pour une somme énorme, et je suis parti là-bas."
Forcés de rentrer en Russie, faute de visa
Après le Tadjikistan, Timour atterrit à Samarcande, en Ouzbékistan. Le jeune homme de 28 ans y trouve difficilement un emploi de DJ dans une discothèque, mais la vie n'y est pas simple. "Il faisait froid en octobre, l'appartement n'était pas chauffé, la lumière était parfois coupée et quand il pleuvait, le plafond fuyait. Je voulais rentrer à la maison, alors quand j'ai entendu que la mobilisation était soi-disant terminée, j'ai pris la décision de revenir."
Ils sont nombreux à être rentrés en Russie après leur fuite précipitée, car s'installer à l'étranger nécessite souvent de l'argent et des contacts. Ivan avait suivi son entreprise qui lui proposait de s'installer en Argentine. Ce programmateur est parti à Buenos Aires, avec un visa touriste, valable 90 jours. "Notre société, malheureusement, s'est avérée être assez légère. Ils pensaient qu'il suffirait de nous faire sortir de Russie et qu'ensuite, tout s'arrangerait. Mais après 90 jours, nous avons réalisé que notre entreprise n'était pas en mesure de nous régulariser, ici."
"J'irai à la campagne pour quelques temps."
Ivan, un programmateur russe
Quelques heures avant le discours de Vladimir Poutine, ces Russes redoutaient donc une deuxième vague de mobilisation. "J'essaie de ne pas y penser ou de ne pas lire les nouvelles, reconnaît Timour qui tente de se rassurer. Je pense qu'il est peu probable qu'il y ait une deuxième vague dans un avenir proche, en tout cas, je veux le croire..."
Si le conflit se poursuit et qu'un renfort militaire est annoncé, Ivan est persuadé qu'il saura encore y échapper. "Le risque demeure et l'efficacité du système est si faible que la probabilité d'être réquisitionné de force n'est pas plus élevée que de se faire renverser par une voiture dans la vie quotidienne."
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