: Reportage Guerre en Ukraine : "Ici, on n'entend pas les frappes", expliquent des habitants de Kharkiv réfugiés depuis des mois dans le métro
Pour se protéger des combats, 150 personnes vivent recluses dans les sous-sols de la deuxième ville du pays, régulièrement visée par des missiles russes.
Zoya sort du métro pour prendre l'air. Ça fait déjà quatre mois qu'elle vit sous terre. "Mon appartement a été bien touché, raconte l'Ukrainienne, impassible. Dans la journée, j’y vais pour me laver, préparer à manger... La nuit, je reviens ici, dans le métro. Ici, on n'entend pas les frappes." Elle a élu domicile à la station Héros du Travail, le terminus de la ligne qui va jusqu’à Saltivka. Cette ancienne cité-dortoir a été construite pour les ouvriers à l’époque soviétique. Elle est aussi la station la plus proche de la ligne de front, à seulement 20 km. Le quartier est régulièrement visé par des missiles russes.
"Chez moi, je ne dors pas de la nuit. J'ai peur, c’est très difficile pour le moral."
Zoya, réfugiée dans le métroà franceinfo
Comme Zoya, Natalya fait partie des 150 personnes qui vivent recluses dans le métro de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine. 150 irréductibles qui dorment sous des tentes installées sur le quai ou sur des matelas, depuis quatre ou six mois. L’immeuble de Natalya donne du côté de la frontière russe et a subi d’importants dégâts. L'Ukrainienne a eu peur pour sa fille de 8 ans.
Des repas distribués deux fois par jour
Une alerte retentit dehors. Ce son ne surprend plus Natalya : "Les lance-roquettes peuvent tirer n’importe quand dans la journée. Nous nous sommes habitués et l'on en vient à se dire : 'Des roquettes ? Ça va...' Ce qui fait vraiment peur, ce sont les missiles qui arrivent la nuit."
"Combien de temps ça va durer ? On espère que, d’ici la fin de l’année, on sera tous rentrés chez nous."
La cheffe des bénévolesà franceinfo
Deux fois par jour, un restaurant fournit des repas aux derniers occupants du métro. Un petit local a été transformé en cuisine avec un frigo et un four à micro-ondes. Ces appareils ont pu être achetés grâce à l’argent collecté par un Japonais, qui vit dans le quartier et partage le quotidien des habitants.
Pour la cheffe des volontaires de la station Héros du Travail, l'espoir de pouvoir rentrer chez elle d’ici quelques semaines n'est pas mort : "Nous avons totalement confiance dans notre armée. Ici, c’est pas confortable mais, au moins, nous sommes au calme." Le métro de Kharkiv est le dernier refuge pour ces naufragés de la guerre qui ont choisi la vie sous terre. Avant de revenir, un jour, à la surface.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.