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Reportage Guerre en Ukraine : "J’ai peur d'y aller", les agriculteurs ukrainiens craignent de retourner sur des terres minées

Les agriculteurs ukrainiens vont-ils pouvoir travailler alors qu'approche la période des semis ? L'occupation russe a laissé de nombreux fermiers exsangues et certains champs sont remplis de mines ou d'obus qui n'ont pas explosé.

Article rédigé par franceinfo - Jérémy Tuil et Faustine Calmel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un agriculteur travaille sur son champ situé à quelques kilomètres de Kiev, en Ukraine, le 25 mars 2022. Phot d'illustration. (SERGEY DOLZHENKO / EPA / MAXPPP)

La guerre en Ukraine déstabilise tout un pan de l'agriculture mondiale. Le pays fournit de quoi nourrir 400 millions de personnes dans le monde. La période des semis a commencé mais certains champs restent désespérément vides. C'est le cas notamment dans la région de Brovary, à l'est de Kiev, où se situe l'exploitation d'Aleksander Feshyun.

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Aleksander a remis les pieds dans sa ferme après le départ des Russes il y a un mois. Devant les bâtiments éventrés, il n’en revient toujours pas de l’étendue des dégâts. "Franchement j’espérais que seul le toit brûlerait, mais même les poutres se sont écroulées, déplore l'agriculteur ukrainien. Tout est détruit, tout est tordu. C’est vraiment une horreur. À côté nous avions nos bureaux, il ne reste presque rien."

Des démineurs débordés

Il ne reste rien non plus des cinq voitures et quinze machines agricoles criblées de balles et d’éclats d’obus. Impossible donc de semer tournesol et maïs dans les mille hectares de son exploitation, d’autant que la plupart des champs ont été le théâtre de combats. "Il y a des obus qui traînent je ne sais pas si les champs sont piégés ou pas, s'inquiète Aleksander. Aujourd’hui, nous souhaitons commencer à appliquer les engrais sur les cultures d’hiver. Sur le reste des surfaces cela reste à faire, mais mes gars ont peur, moi aussi j’ai peur d'y aller."

Aleksander sillonne pourtant ses champs avec un détecteur de métaux, et utilise un drone, à ses risques et périls. En attendant la venue des démineurs qui sont débordés, "Ces volumes sont monstrueux et nous n’avons que 15 personnes pour toute la région de Kiev. Mais je vous assure que le groupe travaille", explique Mykola Muray, responsable du service pyrotechnique de la police dans la région de Kiev.

"Nous comprenons qu'il faut mener la campagne de semis car les gens ont besoin de manger. C'est notre pays, notre économie. Mais je ne saurais pas vous dire quand ce nettoyage sera terminé."

Mykola Muray, police de Kiev

à franceinfo

Aleksander, l’agriculteur, se tourne vers la terre noire creusée de trous d’obus : "Tout ce que nous avons acquis ces 25 dernières années, tout est là." Il faut semer avant la mi-mai pour assurer la production.

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