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Reportage Guerre en Ukraine : réfugiés dans un sous-sol de la région de Donetsk, ces retraités "espèrent que des écoliers reviendront ici, un jour"

À Velyka Novossilka, non loin de la ligne de front, des habitants retraités ont décidé de rester dans le village. Ils ont élu domicile dans l'école primaire, sans eau ni électricité. Rencontre avec Irina, leur "ange gardien".
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Irina (à droite) a organisé le sous-sol de l'école primaire de Velyka Novossilka, à l'est de l'Ukraine, dans lequel vivent une trentaines de retraités depuis le début de la guerre. (BORIS LOUMAGNE / FRANCE INFO)

Il pleut à verse. "Quand il fait mauvais, ils tirent moins. Ils se cachent de la pluie. On est plus tranquilles", se réjouit Irina. Cette professeure de piano, de 46 ans, vit à Velyka Novossilka, une petite ville de la région de Donetsk, en Ukraine, à quelques kilomètres de la ligne de front. Celle-ci n'a quasiment pas bougé depuis le début de l'invasion russe. La contre-offensive lancée en juin 2023 par Kiev ne progresse que lentement. Les forces ukrainiennes n'ont repris que 300 km² en quatre mois. 

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À Velyka Novossilka, malgré les frappes quotidiennes, quelques habitants sont restés. Une trentaine de retraités ont élu domicile dans le sous-sol de l'école primaire, depuis un an et demi et le début de l'invasion russe. 

Irina est leur ange gardien. Elle s'est improvisée responsable de ce sous-sol, sans eau courante ni électricité, excepté deux heures par jour, grâce à un générateur. "On vit, on dort, on mange ici", décrit-elle. "Les habitants ont amené des matelas, des oreillers de chez eux. On a aménagé comme on le pouvait. On essaie de survivre."

Lire, dessiner... et passer l'hiver

Des bénévoles apportent régulièrement à manger aux retraités réfugiés. Tout est bien rangé, dans des petits cartons. "Je veille à ce que tout soit en ordre, à ce que personne ne manque de rien", décrit Irina, organisée, "et à ce que tout le monde soit de bonne humeur. Malgré la guerre, il faut garder le moral." 

Irina était professeure de piano dans cette école, avant la guerre. Aujourd'hui, elle veille sur les habitants, qui se sont réfugiés dans ce sous-sol. (BORIS LOUMAGNE / FRANCE INFO)

Sur une table en bois, quelques vieux livres sont disposés. Des polars signés Agatha Christie, Sherlock Holmes. "On lit, on dessine, on regarde des films sur nos téléphones. C'est une vie toute simple, mais dans un sous-sol. On a même un aquarium", sourit-elle, en pointant du doigt l'aquarium de l'ancienne classe de biologie. Si les poissons sont toujours à l'intérieur, les enfants du village sont, eux, partis depuis longtemps. 

"J'ai envoyé ma fille et ma mère dans l'ouest de l'Ukraine. Et moi, je suis restée, parce qu'ici, c'est chez moi..."

Irina, habitante de Velika Novossilka

à franceinfo

La voix s'étrangle, des larmes commencent à couler. "Et puis, j'aide les gens."  Dans cette école, Irina était professeur de piano. Son instrument est désaccordé. Elle ne joue plus. Il n'y a plus d'enfants à qui donner des cours.

"J'ai toujours travaillé avec des élèves. Leur compagnie me manque beaucoup", s'émeut-elle. "J'espère vraiment qu'un jour, des écoliers reviendront ici, et que l'année prochaine, par exemple, les enfants nourriront les poissons de l'aquarium, pas nous..." En attendant les jours heureux, il faut déjà passer l'hiver, dans ce sous-sol humide. Irina a déjà coupé du bois pour le poêle. 

"Une vie toute simple, on essaie de survivre" : le reportage de Boris Loumagne à Velyka Novossilka

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