: Reportage "Il s’est explosé à 10 ou 15 mètres de nous" : à Pokrovsk, des soldats ukrainiens utilisent des brouilleurs face aux drones russes
En Ukraine, les combats font toujours rage autour de la ville de Pokrovsk. Moscou a fait de ce nœud stratégique sa priorité. Sur place les soldats ukrainiens doivent faire face notamment aux multiples attaques de drones kamikazes russes. Ces engins, pilotés à distance et munis de charges explosives, font des ravages. Voilà pourquoi les Ukrainiens s’équipent désormais de brouilleurs anti-drones. Un dispositif qui a sauvé la vie de soldats rencontrés à Pokrovsk.
Il faut s’imaginer à quoi ressemble le ciel sur la ligne de front. Sergo, un soldat ukrainien aguerri nous le décrit. "Ces drones, on les voit tous les jours, toutes les nuits. Comme des constellations, comme des essaims d’abeilles." Alors pour échapper aux attaques de drones kamikazes, les Ukrainiens installent massivement des systèmes de brouillage sur leurs véhicules. "Là, c’est le boîtier de commande. Quatre antennes, quatre interrupteurs. Et là, le système fonctionne sur quatre fréquences différentes", décrit le militaire.
À l’arrière du pick-up de Volodymyr, un boîtier de commande est branché sur batterie et relié à des antennes fixées sur le toit. Une fois allumé, le brouilleur émet des ondes qui perturbent la trajectoire du drone kamikaze. "Il peut monter brusquement ou partir sur le côté et d’un coup s’écraser."
Exemple concret, il y a quelques semaines. Volodymyr est à bord de son pick-up avec un camarade. "On a vu un drone arriver devant nous et se diriger droit vers notre pare-brise, raconte Sergo. Il est descendu en s’approchant de notre voiture et puis il a perdu son orientation grâce au brouilleur. Il est tombé au milieu de la route. Il s’est explosé à 10 ou 15 mètres de nous." Et sans le système de brouillage, "le véhicule aurait été endommagé, et les conséquences pour nous, Dieu seul le sait. Blessures, blessures graves ou la mort."
"On a eu de la chance"
Sergo aussi a échappé à plusieurs attaques grâce à son brouilleur, comme ce jour où deux drones ont tenté de cibler son véhicule. "On était dans la voiture, se souvient-il. Le premier drone est arrivé direct vers notre pare-brise. On l’a vu. On a essayé de manœuvrer pour l’éviter. Et le système l’a fait tomber à côté. Le deuxième est tombé dans le coffre du pick-up. Mais il n’a pas explosé. On a eu de la chance."
Mais ces brouilleurs, souvent bricolés par les soldats eux-mêmes, ne sont pas infaillibles. Et quand on demande à Sergo s’il a perdu des camarades dans ces attaques de drones, sa voix se brise. "Je ne préfère pas parler de ça", conclut-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.