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Reportage "Ils n'ont pas réussi à nous tuer depuis le ciel, alors ils essaient avec l'eau" : les Ukrainiens accusent les Russes d'avoir détruit le barrage de Kakhovka

Depuis la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka, les régions en aval du Dnipro et de ses affluents sont inondées. Sur l’Ingoulets, par exemple, à 40 kilomètres en amont, l’eau est montée de six mètres.
Article rédigé par Camille Magnard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le village de Snihurivka, sur l'Ingoulets, affluent du Dnipro. (CAMILLE MAGNARD / RADIO FRANCE)

Seul, les pieds dans la boue, Vitali essaie de dégager la porte du sous-sol de la maison de sa mère. À l'intérieur, tout est noyé sous un bon mètre d'eau. "J'ai amené un groupe électrogène et une pompe pour essayer d'assécher le rez-de-chaussée. La rivière s'est un peu retirée sous la maison. Donc, je peux enfin commencer à pomper." Une fois la porte ouverte et la pompe branchée, le nettoyage va prendre des jours. Vitali est employé de la ville de Snihurivka, située sur la rive droite de l’Ingoulets, un affluent du Dnipro, en Ukraine. 

Snihourivka, ville située dans le sud de l'Ukraine sur la rive droite de l’Ingoulets, un affluent du Dnipro. (CAPTURE ÉCRAN GOOGLEMAPS)


Occupée, bombardée, la région fait face désormais à d'importantes inondations à cause de la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka, le 6 juin. Des milliers de maisons sont noyées et les dégâts écologiques seront énormes. Vitali a dû fuir pendant l'occupation russe. Sa maison a été en partie détruite par un bombardement. Alors il insiste : ces inondations, c'est tout sauf une catastrophe naturelle. "La dernière crue, c'était en 1985. Le niveau de la rivière était monté de 10 à 15 centimètres et là, c'est six mètres, souligne-t-il, alors que Snihurivka est à 40 kilomètres du Dnipro. Ces inondations, toute cette souffrance pour la population, c'est sûr à 150% que c'est un acte de guerre, c'est la faute des Russes."

Un peu plus bas sur la rivière, la route se perd dans l'eau brunâtre. C'est d'ici que partent les bateaux pneumatiques de l'armée ukrainienne et des organisations humanitaires qui vont ravitailler d'autres hameaux, sur la rive en face. Là-bas, Genia fait office de chef de village et coordonne l'aide d'urgence. "Le seul accès, c'est en bateau. Le pont est complètement inondé. Oui, on est coupés du monde."

"On va tenir. Les Russes, on va les mater" 

Sergueï s'affaire au milieu des piles de boîtes de conserve, de bouteilles d'eau ou de vêtements envoyés par des volontaires. Il croit avoir la formule qui résumera l'état d'esprit des gens du village. "En un an, ils n'ont pas réussi à nous tuer depuis le ciel, alors ils essaient depuis le sol, avec l'eau. Mais on est forts. On va tenir. Ils ne vont pas y arriver. Les Russes, on va les mater", assure-t-il. 

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Pour Genia, le chef du village, les dénégations des Russes sur le barrage de Kakhovka rappellent leur comportement pendant l'occupation. "Les Russes tiraient sciemment des obus sur notre village et cinq minutes après, ils arrivaient en proposant leur aide et en mettant les frappes sur le dos de l'armée ukrainienne. Ils voulaient nous monter contre l'Ukraine." Est-ce que ça a fonctionné ? Sur certains oui, répond Genia, un peu embêté d'en dire plus. Mais selon lui, cette nouvelle crise des inondations a ressoudé les habitants, tous solidaires et prêts à faire face, encore et toujours.

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