: Témoignage Guerre en Ukraine : "Le pire cauchemar, c'est quand je rêve que mes copains ont besoin d'aide", confie un soldat hanté par la mort de ses camarades au front
L’Ukraine est entrée dans son septième mois de guerre cette semaine. Aux blessures physiques s’ajoutent des maux moins visibles : de plus en plus de soldats ukrainiens souffrent de problèmes de stress et d’anxiété après être allés sur le front.
Oleg nous reçoit dans son bureau de ce dispensaire de Kharkiv, dans l'ouest de l'Ukraine, là, où, depuis six mois, les bombardements sont incessants. Psychiatre et addictologue, il exerce dans ce centre spécialisé, où une centaine de patients est soignée pour des problèmes de dépendances. "Le plus fréquent est la dépendance à l'alcool. Parfois, nous traitons la dépendance aux cannabinoïdes et aux opioïdes. Beaucoup souffrent de stress post-traumatique. Ils ont eu très peur sur le champ de bataille", liste-t-il, d'une voix calme.
Ce médecin ukrainien, qui a reçu des formations dispensées par des spécialistes, venus d'Israël, des Etats-Unis, et de Grande-Bretagne, voit de plus en plus de soldats revenir du front choqués. Parmi ces combattants suivis de près depuis plusieurs semaines, l'un a retenu l'attention du spécialiste : "Il ressent de la culpabilité, parce que beaucoup de ses amis sont morts au front. Au début, on n'arrivait pas à établir une communication visuelle... Maintenant, il se sent beaucoup mieux", glisse-t-il en anglais.
Ce soldat, c'est Bodgan, un jeune homme de 24 ans, au regard bleu intense. Il est sous-officier dans l'armée ukrainienne. "J'ai des problèmes de sommeil, des problèmes d'humeur, je fais des cauchemars et des attaques de panique", confie-t-il.
Repartir au front coûte que coûte
Bodgan a réussi à sauver deux soldats de son unité, mais pas les autres. C'est ce qui le hante la nuit : "Le pire cauchemar, c'est quand je rêve que mes copains ont besoin d'aide, parce qu'ils sont blessés, et que je ne peux pas les sauver. Pour moi, c'est le pire des cauchemars..."
Grâce à un traitement médical, combiné à une psychothérapie, ses cauchemars s'estompent petit à petit. Et Bodgan s'imagine déjà repartir au front : "Je veux y retourner, et continuer à me battre dès que mon organisme ira mieux, et que je serai capable d'accomplir mes tâches. J'y retournerai, c'est sûr." Oleg, le médecin qui le suit, nous dit en aparté qu'il n'est pas encore prêt, et qu'il va encore falloir du temps au jeune soldat pour se rétablir complètement.
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