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Témoignage Guerre en Ukraine : "Nous ne faisons pas confiance à l'Otan", dénoncent des Suédois qui manifestent contre le gouvernement

Comme en Finlande, la Suède est prête à abandonner sa neutralité, mais il y a aussi des résistances, comme dans cette manifestation contre l’Otan, organisée à Stockholm.

Article rédigé par Frédéric Faux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Première ministre suédoise Magdalena Andersson lors d'une conférence de presse à Stockholm (Suède), le 3 février 2022. (MARKO SAAVALA / TT NEWS AGENCY / AFP)

"Oui à la liberté d’alliance, non à l’adhésion à l’Otan" lance une voix féminine à Stockholm, en Suède. Après la Finlande, c’est la Suède qui devrait annoncer aujourd’hui sa volonté d’entrer dans l’Otan, par la voix de la dirigeante de la majorité social-démocrate, la Première ministre Madgalena Anderson.

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Moins de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, et après plusieurs décennies de neutralité et de politique de non-alignement militaire, les deux pays s'apprêtent donc à tourner la page : d'abord la Finlande qui doit officialiser ce dimanche matin sa candidature à l'Alliance atlantique, et la Suède, dont le pouvoir se réunit dimanche 15 mai 2022 en vue, là encore, d'une demande d'adhésion. Une "erreur" pour le président russe Vladimir Poutine. 

"Cette question divise les gens, ce n’est pas bien"

Dans les manifestations contre le ralliement à l’Otan en Suède, on trouve des représentants de l’extrême-gauche et des Verts, dont les partis et les organisations sont contre l’Alliance atlantique. Mais il y aussi ces militants pacifistes et non alignés, un mouvement très important ici. Depuis la guerre en Ukraine, il a réussi à fédérer 28 organisations dans un collectif, baptisé "Non à l’Otan".

"Cela fait deux siècles que l’on a pas été en guerre, déjà en 1956 ont disait que les Russes allaient arriver… Nous ne faisons pas confiance à l’Otan !, plaide Ulf Sparboge, l'un des porte-paroles du collectif. Ce n’est pas une organisation pour la paix, c’est une organisation qui agit en fonction de l’intérêt des Etats-Unis. On n’a jamais vu un pays de l’Otan être attaqué militairement, mais l’Otan est intervenue Yougoslavie, la Libye, et d’autres. Cette question de l’Otan divise les gens, ce n’est pas bien".

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Ces positions sont toutefois minoritaires dans les pays nordiques. Après avoir rompu avec leur neutralité dans les années 1990 avec la fin de la Guerre froide, en devenant partenaires de l'Otan et membres de l'Union européenne, les deux pays nordiques s'amarreraient ainsi un peu plus aux blocs occidentaux. Une bascule qui s'est faite progressivement depuis l'attaque russe contre l'Ukraine le 24 février, accélérée par une flambée pro-Otan dans l'opinion publique des deux pays.

En Finlande, les trois quarts de la population se disent en faveur de l'adhésion à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord. En Suède, il y a aussi eu un retournement de l’opinion, mais beaucoup moins flagrant : c’est à peine la moitié des Suédois, aujourd’hui, qui souhaiterait rejoindre l’Alliance atlantique. La plupart des pays de l'Otan ont apporté leur soutien à une adhésion d'Helsinki, sauf la Turquie qui menace de bloquer. La Finlande et la Suède ne peuvent être admises dans l'Otan qu'après un vote à l'unanimité de ses membres.

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