: Témoignage Guerre en Ukraine : un employé de Tchernobyl raconte l’occupation russe et les négociations pour sauver la centrale nucléaire
Des employés ont assuré la sûreté de la centrale nucléaire malgré l’occupation russe. franceinfo a rencontré un ingénieur de Tchernobyl quand il a enfin pu quitter la centrale libérée.
Que s’est-il passé dans la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl, quand celle-ci a été occupée pendant 35 jours par l’armée russe ? À l’époque l’Ukraine craignait de voir les Russes provoquer une catastrophe nucléaire aux conséquences tragiques pour toute l’Europe. Finalement elle n’a pas eu lieu. En bonne partie grâce aux employés de Tchernobyl qui ont assuré la sûreté de la centrale malgré l’occupation russe.
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"Le 23 février à 20h45, j’ai pris mon poste pour douze heures comme d’habitude et je ne l’ai pas quitté avant 45 jours", raconte Valeriy Semionov. Cet ingénieur chargé de la sûreté à Tchernobyl s’est retrouvé piégé dans la centrale dès le début de l’invasion russe. "Le 24 février vers 17 heures, j’ai remarqué sur mes caméras de surveillance des nuages de fumée, explique l'ingénieur. Il y avait deux engins de transport de troupes, des camions et un tank dont sont descendus des soldats russes."
Les combats seront très courts car les Ukrainiens comme les Russes sont conscients du risque colossal si un obus venait à tomber sur la centrale. Alors ils vont collaborer, même quand la guerre prive Tchernobyl d’une électricité cruciale pour son refroidissement et que le diesel vient à manquer pour les générateurs de secours.
"Alors on a dit aux Russes : 'Vous nous occupez, donc c’est à vous de gérer ce problème !'"
Valeriy Semionov, ingénieur chargé de la sûreté à Tchernobylà franceinfo
"Ils ont ramené quatre citernes de diesel le premier jour, rapporte l’ingénieur. Sauf qu’on leur a précisé qu’on avait besoin de 27 tonnes par jour. Alors au bout du quatrième jour sans électricité, ils nous ont posé un ultimatum. Soit on acceptait de raccorder la centrale sur le réseau électrique biélorusse, soit ils arrêtaient les approvisionnements. On a été obligés d’accepter."
Valeriy se dit persuadé que le diesel fourni par les Russes est celui qui a manqué à leurs chars pour envahir Kiev et que Tchernobyl a indirectement sauvé la capitale ukrainienne.
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