: Témoignages Guerre en Ukraine : "L'obus a explosé juste à côté de moi", témoigne une "gueule cassée" du Donbass
Des combats acharnés opposent toujours forces russes et ukrainiennes à Severodonetsk et dans toute la région du Donbass. Nous nous sommes rendus dans un hôpital de Dnipro, dans l'est du pays, qui soignent ces militaires en première ligne grièvement blessés.
La chair encore à vif, Bogdan a le mollet gauche en lambeaux. Allongé dans son lit d'hôpital, à Dnipro, dans l'est de l'Ukraine, la fenêtre ouverte, le cendrier rempli de mégots, il raconte sa matinée du 23 mars : "Quand tu entends un sifflement, c'est que ce n'est pas ton obus. C'est quand tu n'entends rien qu'il est pour toi."
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C'était à Roubijné, au cœur du Donbass où les combats s'intensifient, les forces russes mettant, selon un général ukrainien, toutes leurs forces dans la bataille. Bogdan, soldat de métier de 35 ans, ravitaillait, comme tous les jours, la première ligne : "J'étais en train de monter dans un véhicule militaire. J'étais en mission. L'obus a explosé juste à côté de moi. C'était un tir d'artillerie à longue portée. Il m'a arraché la peau, les nerfs et m'a partiellement sectionné les tendons. Au début, je n'ai rien compris. J'étais juste sonné".
"Ça a explosé et j'ai été projeté dans le véhicule. On m'a mis un garrot. J'ai vu que ma jambe était toujours là, que je ne l'avais pas perdu et j'étais content."
Bogdan, soldat ukrainien blessé au combatà franceinfo
Comme Bogdan, tous les soldats soignés à Dnipro ont le même type de plaies."Ici, on voit la jambe droite d'un soldat avec des blessures d'éclats de missile Grad", explique le docteur Serhy Slessarenko en faisant défiler sur son téléphone les photos des derniers corps qu'il a essayé de réparer.
"On ne recoud pas les blessures de guerre"
Les entailles sont franches, profondes, multiples et essentiellement aux jambes."On ne recoud pas les blessures de guerre, jamais, ajoute le médecin. Ça, c'est une plaie profonde. L'éclat est sorti et à cet endroit, ça a juste touché le corps en superficie. Un autre exemple? Ça, c'est une plaie au mollet, l'éclat est entré par là et sorti ici. Il n'y a pratiquement pas de blessures par tir d'armes automatiques, que de l'artillerie. L'essentiel des patients que nous soignons ici ont été touchés par des éclats d’obus."
L'armée ukrainienne ne communique pas sur le nombre de militaires blessés, mais pour Serhy Slessarenko, un soldat sur deux pourra d'ici quelques mois retourner au front.
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