: Témoignages "La nuit dernière, trois explosions ont retenti près d'ici et les bébés se sont mis à hurler" : dans les sous-sols d'une maternité de Kiev, la routine de la guerre s’installe
Malgré les bombardements, la vie continue, comme dans cette maternité de la capitale qui pratique des accouchements dans un sous-sol anti bombes. Reportage des envoyés spéciaux de franceinfo à Kiev.
Depuis le début des bombardements, cinq bébés sont nés dans cet abri souterrain spécialement aménagé : "Quand on entend les sirènes et que ça devient dangereux, on ferme cette porte blindée", explique Natalia, la directrice d'une maternité située dans le centre de Kiev.
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"La nuit dernière, trois explosions ont retenti près d'ici et les bébés se sont mis à hurler. Nous avons enregistré leurs cris à l'aide d'un téléphone", souffle Natalia, la directrice de l'établissement. Depuis le début des bombardements, cinq bébés sont nés dans cet abri souterrain spécialement aménagé. "Quand on entend les sirènes et que ça devient dangereux, on ferme cette porte blindée", précise-t-elle, dans ce sous-sol mal-éclairé.
"Je ne voulais pas accoucher sur la route"
Autour d'elle, plusieurs futures mamans attendent seules. Kate, 30 ans, est arrivée au terme de sa grossesse : "Toute ma famille a fui en direction de l'ouest de l'Ukraine. J'ai refusé de les suivre, car je ne voulais pas accoucher sur la route. Je suis inquiète. J'espère que cette maternité ne sera pas prise pour cible."
"C'est une fille", souffle, juste à côté, Ilona, 35 ans, le ventre également bien arrondi, qui s'attend à accoucher dans les prochains jours Son mari est militaire : "Je n'ai pas le droit de dire où elle se trouve, mais il ne viendra pas pour la naissance. C'est Natalia qui s'occupera de moi. C'était à la fois une mère, un père et un mari" sourit-elle. "Je parle à mon bébé, je lui dis que tout ira bien, que la guerre sera bientôt fini, que son père sera prochainement avec nous et qu'il nous ramènera à la maison.", conclut-elle.
Dans ces couloirs sombres, les traits sont tirés et l'angoisse est palpable. Mais sur le visage de Bogdhan, c'est plutôt la joie qui est visible. Ce jeune homme de 24 ans est un des rares papas présents. Son fils Kirill est né il y a deux jours. "C'est le plus beau jour de ma vie. C'est un mélange de bonheur et de joie, j'en ai les larmes aux yeux", sourit-il.
Avant de se reprendre : "Quand nous allons rentrer à la maison, je rejoindrai les autres volontaires pour défendre le pays." Malgré la détermination russe, le jeune papa l'assure : son fils "va vivre dans une Ukraine en paix et indépendante."
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