Ukraine : offensive pro-russe dans l'Est, Kiev lance "une opération antiterroriste"
Plusieurs villes de l'est de l'Ukraine ont été attaquées, samedi. Le président ukrainien par intérim a convoqué une réunion extraordinaire du conseil de sécurité national.
La confusion règne dans l'est de l'Ukraine. Des combats ont éclaté dans plusieurs villes de la région a indiqué le ministère de l'Intérieur ukrainien, samedi 12 avril, peu après la démission du chef de la police régionale de Donetsk.
Une décision prise sous la pression de combattants pro-russes qui ont occupé un commissariat et le siège local des services de sécurité SBU. Armés, en tenues de camouflage sans insignes, encagoulés et casqués, ils réclament le rattachement de cette zone frontalière de la Russie à Moscou. Tout au long de la journée, plusieurs villes ont été attaquées, provoquant de nombreuses réactions.
Des assauts lancés dans l'est du pays
Des séparatistes équipés de kalachnikov ont aussi dressé des checkpoints sur les routes menant à Slaviansk, ville de 100 000 habitants dans l'est de l'Ukraine. Ils contrôlent les véhicules bloqués par des barricades érigées à l'aide de pneus de voitures et de sacs de sable. Un drapeau russe flotte sur l'un des points de contrôle, un autre aux couleurs des séparatistes (noir, bleu et rouge) a été hissé sur un autre barrage.
A Kramatorsk, 80 km plus au nord, des hommes armés se sont emparés du siège de la police après un échange de tirs avec les policiers. Des bâtiments officiels dans plusieurs autres villes des régions de Donetsk et Louhansk ont été attaqués. Ainsi, à Krasny Liman, "des combattants armés" ont attaqué la police avec "des armes de fabrication russe AK100, uniquement en dotation dans les forces armées russes", selon le ministre de l'Intérieur ukrainien.
Kiev dénonce une "agression" de la Russie
Le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, a immédiatement réagi, dénonçant "une agression de la Fédération de Russie". Le président ukrainien par intérim, Olexander Tourtchinov, a convoqué samedi soir une réunion extraordinaire du conseil de sécurité national. Elle doit être consacrée à la situation dans l'Est du pays.
Dimanche, les forces de sécurité ukrainiennes ont lancé une "opération antiterroriste" à Slaviansk, ville de l'est contrôlée par des militants pro-russes. "Elle est dirigée par le centre antiterroriste du service de la sécurité d'Etat (SBU). Des forces provenant de toutes les unités de sécurité du pays y participent", a fait savoir le ministre de l'Intérieur sur sa page Facebook.
Moscou nie toute implication
Sur le front diplomatique, les échanges ont redémarré. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Dechtchitsa s'est entretenu samedi avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Il lui a demandé de faire cesser les "provocations".
Sergueï Lavrov a aussitôt démenti toute responsabilité. Il a jugé "inadmissible" que Kiev évoque un éventuel recours à la force, et a appelé les autorités ukrainiennes à "tenir compte des exigences légitimes" des russophones. La veille, le ministre russe des Affaires étrangères avait assuré que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions russophones de l'est ukrainien.
Washington redoute un scénario inspiré de la Crimée
C'est pourtant bien de cela dont s'inquiètent les Etats-Unis. Dans la soirée, Washington a lancé un avertissement à Moscou après une série d'attaques de groupes armés pro-russes contre des villes de l'est de l'Ukraine. Pour les Etats-Unis, les événements de la journée rappellent ceux qui ont précédé l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a averti par téléphone Sergueï Lavrov que Moscou devra faire face à des "conséquences supplémentaires" si la tension ne retombe pas avec l'Ukraine.
Se déclarant "très inquiet" face aux "risques croissants d'affrontements violents", le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui appelé tous les protagonistes de la crise en Ukraine à "faire preuve du maximum de retenue" et à dialoguer pour faire baisser la tension.
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