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Vidéo Guerre en Ukraine : "Avoir accès au gaz russe est absolument essentiel dans la stratégie de Total", explique un professeur d'économie

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Article rédigé par franceinfo
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Le gaz est au cœur de la stratégie de décarbonation de Total, rappelle Patrice Geoffron, professeur d’économie à l'Université de Paris Dauphine. "Une partie de la réponse est chez nous, par exemple, avec du gaz vert que l'on peut produire à l'intérieur de l'espace européen", suggère-t-il.

Total, le géant des hydrocarbures, a annoncé mardi arrêter l'achat de pétrole et de produits pétroliers russes d'ici à la fin de l'année. Patrice Geoffron, professeur d’économie à l'Université de Paris Dauphine, rappelle mercredi 23 mars sur franceinfo qu'"avoir accès au gaz russe (...) est absolument essentiel dans la stratégie de Total", ce qui explique que le géant des hydrocarbures a annoncé mardi mettre fin à ses achats mais pas de céder ses participations dans ses actifs gaziers en dépit de la guerre en Ukraine.

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franceinfo : C’est une décision forte de TotalEnergies à cause de la pression qui pesait sur le groupe pétrolier ?

Patrice Geoffron : La pression reste forte sur Total avec deux enjeux. Il y a un enjeu pétrolier, Total ne signera plus d'autres contrats de fournitures, et par ailleurs un enjeu gazier qui est essentiel pour Total, étant entendu que la possibilité d'avoir accès au gaz russe pour abonder le marché du gaz naturel liquéfié est absolument essentiel dans la stratégie de Total.

Comment expliquer le délai avant cette annonce de TotalEnergies sur le pétrole, un mois après le début du conflit, alors que d'autres pétroliers ont réagi dès le début de la guerre en Ukraine ?

On a un certain nombre de détails, notamment sur les contrats en cours, qui courront, pour le dernier, jusqu'en décembre, destinés en particulier au marché allemand. Le marché allemand dépend très largement, à hauteur d'environ un tiers, du pétrole russe, ce qui n'est pas le cas pour la France, où les importations provenant de Russie ne représentent que 10%. Concrètement, il faut se figurer que le pétrole en question va dans une raffinerie qui se trouve à Dresde et qui est destinée au marché allemand. Cela veut dire interrompre ces contrats demande une forme de préparation. On dans une espèce d'entre deux.

"Ce qui me paraît absolument essentiel, c'est que les autorités publiques, les Européens qui se réunissent demain décident un embargo sur le pétrole russe. Cela ne peut pas procéder uniquement des opérateurs."

Patrice Geoffron, professeur d’économie

à franceinfo

Décider d'un embargo suppose de pouvoir puiser dans les réserves stratégiques qui sont à peu près de trois mois, de s'organiser notamment pour les professions et les ménages les plus fragiles par rapport à l’augmentation du prix de l'essence qui sera inéluctable. Tout ça se prépare et se prépare plutôt au niveau institutionnel que uniquement du côté des opérateurs.

Un quart du gazole en France vient de Russie : est-ce qu'on ne va pas avoir des problèmes d'approvisionnement ?

Globalement, si la France dépend relativement peu dans ses stations de produits pétroliers de la Russie, il y a spécifiquement un besoin qui est lié au gazole. On a une vraie dépendance dans le domaine des produits raffinés, transportés. Il faut qu'on puisse anticiper en cas d'embargo un impact à la fois sur l'essence et plus spécifiquement sur le diesel. Ce qu'on observe, c'est que les réponses publiques jusqu'alors ont été des réponses très transversales, avec les fameux 15 centimes de ristourne sur l'ensemble des usagers, quel que soit leur profil et leur dépendance. Il me semble que ce type de réponse, pris dans l'urgence, n'est pas totalement satisfaisant. Si on passe d'une économie d'ambigüité à l'heure actuelle, où on est entre guerre et paix en termes économiques, vers des embargos qui sont des mesures d'économie de guerre, ça supposera de pouvoir avoir des mesures de soutien qui soient bien plus ciblées qu'à l'heure actuelle.

Pourquoi Total ne cesse pas ses importations de gaz russe, contrairement au pétrole ?

Le gaz est au cœur de la stratégie de Total qui, à l'avenir, a de moins en moins vocation à être un acteur pétrolier mais plutôt un acteur gazier, notamment parce que c'est au centre de sa propre stratégie de décarbonation. Le fait d'avoir beaucoup misé sur le sur le gaz dans ce cadre est absolument essentiel pour suivre la trajectoire de décarbonation dans laquelle s'est engagée Total. Toute la manière dont on a envisagé au niveau européen de se décarboner durant la décennie, avec des ambitions très élevées, -55% d'émission de gaz à effet de serre à l'horizon 2030, tout cela va devoir être remis à plat. Évidemment, dans l'urgence, on va observer des choses qui ne sont pas nécessairement souhaitables. Mais il faut également avoir à l'esprit qu'une partie de la réponse est chez nous, par exemple, avec du gaz vert que l'on peut produire à l'intérieur de l'espace européen et des mesures de sobriété dans les consommations.

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