: Vidéo Guerre en Ukraine : "Tout le temps gagné par les Ukrainiens est une épine dans le pied du président Poutine”, selon le général Dominique Trinquand
Le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU à New York, estime mercredi sur franceinfo que si Vladimir Poutine pensait remporter rapidement la victoire, il est en train de réaliser que l'affaire pourrait s'avérer plus complexe que prévu.
"Tout le temps gagné par les Ukrainiens est une épine dans le pied du président Poutine", a estimé le général Dominique Trinquand, expert militaire et ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU à New York, invité de franceinfo mercredi 2 mars. Les forces russes font notamment face à "des problèmes logistiques", alors que les Ukrainiens préparent, selon lui, à une guérilla urbaine à Kiev.
franceinfo : La colonne de blindés qui s’approchait de Kiev pourrait être en panne d’essence. Est-ce crédible, selon vous ?
Dominique Trinquand : C’est l’information donné par le Pentagone. Il est anormal qu’une colonne soit arrêtée pendant 48 heures. L’armée russe a toujours eu des problèmes logistiques et elle n’a pas progressé comme nous le pensions. Il faut aussi se rappeler que ces colonnes viennent de Biélorussie. La préparation de l’assaut de Kiev est compliquée, car Kiev ne peut pas être rasé. C’est la petite Russie historique. Hier la frappe de la télévision contribuait à cette préparation d’assaut. Couper les circuits d’eau, d’électricité, faire sortir la population y contribue également, parce que les combats en zone urbaine seront très durs pour l’armée russe.
La bataille n’est donc pas perdue d’avance pour les Ukrainiens malgré l’écart d’effectifs assez impressionnant entre les deux armées ?
Tout le temps gagné par les Ukrainiens est une épine dans le pied du président Poutine. Il pensait remporter rapidement la victoire, demandait à ce que l’armée ukrainienne rejoigne l’armée russe, et cela ne s’est pas passé. Il est en train de réaliser que cela va être difficile. Plus on perd de temps, plus la cohésion occidentale va pouvoir amener de l’armement, des combattants qui arrivent dans les brigades internationales. Ça peut être une guerre qui dure, ce qui est forcément au détriment de la politique du président Poutine.
Peut-on entrer dans une phase de guérilla urbaine ?
C’est exactement ce que préparent les Ukrainiens actuellement. Kiev est une ville avec des grottes, des rues dans tous les sens, qui rendent le combat extrêmement difficile. Il faut saluer le courage des Ukrainiens, les militaires, mais aussi les civils qui prennent des rames, comme des cocktails Molotov, l’arme du pauvre. Moralement aussi, l’armée russe doit découvrir qu’elle était venue pour libérer des Ukrainiens qui allaient subir un génocide, selon les paroles du président Poutine, et ce n’est pas la réalité.
Les armes promises par l’Europe sont-elles déjà arrivées ?
Certaines sont arrivées car les pays baltes en avaient livrées très tôt, en particulier les Stinger, les missiles anti-aériens, utilisés contre des hélicoptères ou des avions russes. Ce sont les armes fournies par les Américains en Afghanistan contre les Russes, et qui avaient provoqué leur départ. Les armes antichars aussi sont arrivées, mais il en reste beaucoup d’autres. Il faut faire très attention à ce qu’il se passe en Biélorussie, puisqu’il y a une armée russe de réserve, et si elle venait attaquer l’ouest de l’Ukraine, cela empêcherait la livraison d’un certain nombre d’armements actuellement en Pologne, et prêts à être acheminés.
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