Marème N'Diaye, jurée au festival du film de Namur : "C’est toujours instructif de se mettre à la place du spectateur"
La comédienne franco-sénégalaise Marème N’Diaye est membre du jury du Festival international du film francophone de Namur en Belgique qui s’achève le 4 octobre 2019.
Un second rôle dans Maman(s) de Maïmouna Doucouré, César du meilleur court métrage ex-aequo en 2017, une révélation dans Amin, le film de Philippe Faucon présenté à la Quinzaine des réalisteurs en 2018, une apparition dans la série Les Sauvages de Canal+ et bientôt une mini-série sur France Télévisions... La jeune comédienne franco-sénégalaise Marème N'Diaye se fait doucement et sûrement une place sur les écrans français. Le Festival international du film francophone (FIFF) de Namur n'est pas insensible à ce nouveau talent, qu'il a convié à prendre part au jury de sa 34e édition présidée par le réalisateur français André Téchiné. Rencontre namuroise.
Avoir été membre du jury du Prix de la citoyenneté (qui distingue un film présenté en compétition officielle) lors du dernier Festival de Cannes vous aide-t-il pour cette deuxième expérience ?
C’est toujours instructif de se mettre à la place du spectateur et de se faire son point de vue sur un film. Cela permet de mieux accepter les critiques que l’on reçoit quand on a tourné soi-même un film. Je me suis retrouvée parmi des jurés qui avaient plus d'expérience que moi et je me demandais si j’allais trouver ma place. Au bout du compte, cela s’est très bien passé même si nous n’étions pas d’accord tout le temps. Mais on arrive toujours à trouver un compromis.
Votre jury a récompensé "Les Misérables" qui représentera la France dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger (baptisé désormais "Best international feature film")...
Nous étions, et ce à l’unanimité, très fiers de ce choix. Il y avait de très beaux films, mais celui-là a été un coup de cœur. Cette fiction incarne toutes les valeurs humanistes et universalistes promues par le Prix de la citoyenneté.
Les artistes n’aiment pas toujours cet exercice qui conduit à comparer des œuvres entre elles parce, disent-ils, chacune est singulière. Où réside la difficulté de la tâche d’une jurée au cinéma ?
En tant que comédienne, j’ai eu à essuyer des critiques et j’avoue que j’ai eu du mal à les encaisser. Etre à la place d'une personne qui visionne le film et qui voit des choses qu’en tant qu’artiste je ne vois pas du tout constitue néanmoins une démarche intéressante. Il y a toujours quelque chose à prendre dans un film même si on le juge mauvais : la photographie, un personnage qu'on aime bien, le scénario… Je m’en rends compte lors des débats que nous avons entre jurés. Quoi qu'on pense d'un film, il faut respecter le travail fourni. De ce que disent les réalisateurs et de ce que j’en sais, faire un film n'est pas facile.
Que peut attendre d'un festival de cinéma une actrice qui débute dans le métier ?
Un festival de cinéma est un lieu de rencontres. Professionnels et non-professionnels s’y croisent. Certains sont là pour présenter leurs scénarios et participent à des ateliers… Cela ne veut pas dire qu’on va décrocher un contrat durant un festival. Dans mon cas, je me concentre sur ce que j’ai à faire ici en tant que jurée. Si je fais de belles rencontres, pourquoi pas ? Je me dis toujours que si les gens ont besoin de moi, ils viendront me chercher. En outre, c’est bien de se réunir pour fêter le septième art. L’ambiance est incroyable ! Les contacts sont faciles. A Cannes, si on croise un Brad Pitt dans la rue, on sait qu’on n’ira jamais lui parler. Mais à Namur, si on croise un Christophe Lambert, on sait qu’il va nous accueillir à bras ouverts.
Profitez-vous de ces moments pour glaner des conseils auprès de ceux qui ont plus d’expérience que vous ?
Je crois que c'est important. C’est parfois frustrant de faire partie d’un jury où les personnes sont beaucoup plus expérimentées que vous. Ils ont plus de 15 ou 20 films à leur actif et vous, vous n'en êtes qu’au 3e ou 4e. Vous vous sentez alors un petit peu en retrait parce que vous avez l'impression de ne pas encore appartenir à ce groupe-là. Mais à la fin, c’est intéressant parce que vous apprenez de ces personnes et elles sont là pour partager leur expérience. J’accepte leurs conseils, j’écoute ce qu’elles disent pour leur vision du métier et de l’industrie. J’apprends et la vie, c’est apprendre tous les jours pour pouvoir s’enrichir et aller loin.
Quel regard portez-vous sur le cinéma francophone dont Namur est la plus importante vitrine et que vous découvrez, entre autres, à travers la compétition officielle ?
A Namur, on donne une chance à des personnes qui sont dans l’ombre et font de belles choses, mais qui ne sont pas forcément reconnues par de plus grands festivals. Comme j’ai l’habitude de dire, Namur, c’est "The place to be" (Le dernier endroit à la mode). C'est une ouverture sur ce qu’est le cinéma francophone. Cela ne s’arrête pas juste à la France ou à la Belgique. Les œuvres viennent d’un peu partout dans le monde. On y retrouve le cinéma tunisien, celui qui vient du Québec… La diversité fait la richesse du cinéma francophone. Je suis pour Namur et j’espère que je reviendrai l’année prochaine (rires) !
Avec un film alors ? Quels sont vos projets ?
Je vais tourner fin octobre 2019 une mini-série de 4 épisodes pour France Télévisons sous la direction de Moussa Sène Absa. Le casting est incroyable. J’ai un autre projet pour janvier 2020, mais je suis très superstitieuse. J’aime bien que les choses soient signées avant d'en parler. Tout ce que je peux dire, c’est que ça sera exceptionnel.
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