À vrai dire. Les Européens ont-ils une vision objective des chiffres de l'immigration ?
Le résultat des dernières élections en Europe le montre : de nombreux pays vivent l'arrivée des immigrés comme une menace. Les politiques comme la population ont pourtant tendance à surestimer le nombre d'immigrés.
La Commission européenne et l'institut européen EuroStat ont posé la question à plus de 28 000 résidents des 28 pays de l'Union européenne : "à quel pourcentage estimez-vous la part des immigrés dans la population de votre pays ?"
Quelques exemples de réponses :
Les Hongrois ont répondu 8,8%.
Les Slovaques 8,3%.
Les Suédois 12,7%.
Les Français 18,1%.
Les Belges 19,4%.
Les Italiens 24,6%.
Ces chiffres ne sont que des évaluations basées sur le ressenti des habitants.
Quels sont les chiffres réels ?
La perception est parfois totalement à côté de la plaque.
Autant les Suédois ont une bonne idée de la part de l'immigration dans l'ensemble de leur population -le chiffre réel est de 12,4% contre une estimation de 12,7%-, autant les erreurs sont plus flagrantes dans les autres pays.
Il y a en réalité 7% d'immigrés en Italie contre une estimation de plus de 24%.
8,8% en Belgique (estimation : 19,4%).
8,9% en France (estimation : 18,1%).
2% en Hongrie (estimation : 8,8%).
Ce sont les Slovaques qui ont la perception la plus éloignée de la réalité puisque seulement 0,6% de la population en Slovaquie est immigrée alors que les personnes interrogées par Eurostat évaluent le chiffre à 8,3%.
Plus globalement, si on regarde l'écart entre perception et réalité, ce sont les pays de l'Est de l'Europe qui exagèrent le plus le poids de l'immigration.
Pourquoi un tel écart entre perception et réalité ?
Nous avons interrogé Anthony Edo, chercheur au CEPII (Centre d'études prospectives et d'informations internationales) et spécialiste de l'immigration.
Il rappelle d'abord que les chiffres officiels prennent en compte uniquement les immigrés légaux. Pour autant, selon lui, le nombre de clandestins, même pris avec une fourchette haute, n'est pas suffisamment important pour expliquer la différence entre le chiffre officiel et la perception.
En revanche, l'économiste souligne l'extrême médiatisation des phénomènes migratoires ces dernières années. Ainsi qu'une erreur fréquente sur la définition même du mot "immigré". Les personnes interrogées ont tendance, selon Anthony Edo, à confondre les immigrés avec leurs enfants qui, eux, ne sont pas des immigrés puisque nés dans le pays européen concerné.
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