Cet article date de plus de quatre ans.

Evacuation d'un camp de migrants à la porte d'Aubervilliers : "on estime qu'il y a entre 1 800 et 2 000 personnes", selon une association

La coordinatrice de l’antenne Paris pour Utopia 56 assiste à l'évacuation dans le nord de la capitale. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un campement au niveau de la porte de la Chapelle à Paris, en janvier 2020.  (FRED DUGIT / MAXPPP)

"Sur les deux campements qui sont à porte d'Aubervilliers, on estime qu'il y a entre 1 800 et 2 000 personnes", a déclaré mardi 28 janvier sur franceinfo, Julie Lavayssière, coordinatrice de l’antenne Paris pour Utopia 56, qui se trouve sur place au moment de l'évacuation des migrants tôt ce matin. "C'est une évacuation qui est attendue depuis plusieurs mois pour les personnes dans les campements", a-t-elle ajouté, mais "cette évacuation arrive quasiment trop tard car les conditions dans les campements se sont largement dégradées".

franceinfo : Comment se déroule cette évacuation pour l'instant ?

Julie Lavayssière : Pour l'instant c'est assez calme, les personnes sont en train de monter dans les bus. C'est une évacuation qui est attendue depuis plusieurs mois pour les personnes dans les campements. Cette évacuation arrive quasiment trop tard car les conditions dans les campements se sont largement dégradées, depuis quelques mois notamment au niveau sanitaire et à cause du froid. C'est une bonne nouvelle qu'elle arrive mais ça arrive trop tard pour beaucoup de personnes.

Qui sont ces migrants évacués, combien sont-ils et où vont-ils aller ?

Sur les deux campements qui sont à la porte d'Aubervilliers, et qui sont actuellement évacués, on estime qu'il y a entre 1 800 et 2 000 personnes, sachant qu'il y a un troisième campement qui est à la porte de la Villette sur lequel il y a à peu près 400 à 500 personnes. Pour l'instant, on n'est pas sûr qu'il y ait assez de places pour accueillir tout le monde. Ce sont des informations qui ne sont pas données par la préfecture. On ne sait pas si ces personnes pourront être hébergées sur le long terme, on le verra dans les prochains jours.

L'évacuation de ce genre de campements dans le nord de Paris, on a l'impression que c'est un cycle sans fin. Y a-t-il un manque de volonté de s'attaquer à ce problème sur le fond ?

Ça fait quatre ans qu'il y a des campements à Paris, on est dans un cycle d'installation, campement, évacuation, avec des évacuations tous les trois mois, tous les six mois. Effectivement, si on ne s'attaque pas au fond du problème il y aura encore des campements dans quatre ans, dans huit ans. Ce qu'il faut, c'est une véritable volonté politique de la part de la mairie, de la part de la préfecture ou du ministère de l'Intérieur et au blocage administratif qui est la cause des campements actuellement. Il faut qu'ils arrêtent de se renvoyer la balle et qu'ils prennent conscience que chacun à son niveau a la possibilité de mettre fin à ce blocage administratif. Ça passe par la clause discrétionnaire du préfet en "dédublinant" actuellement les personnes qui relèvent de Dublin et qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays. Elles ont tellement peur d'être déportées dans cet autre pays et dans leur pays d'origine que finalement elles préfèrent se mettre dans une situation d'illégalité et rester à la rue, plutôt que partir dans un centre d'hébergement.

Quelle mesure faut-il prendre en urgence à très court terme ?

A très court terme, il faut un logement inconditionnel. Si l'Etat ne permet pas d'ouvrir des centres d'hébergement comme cela devrait être fait, dans ce cas-là, il faut passer par une réquisition des logements qui sont vacants à Paris et cela est possible par la mairie de Paris. Pour l'instant, la ville exprime une volonté, elle a dit qu'avec les accords de Dublin, elle ne peut pas mettre fin aux campements, par contre elle renvoie toujours la balle à la préfecture et à l'Etat. La rue est devenue un passage obligatoire aujourd'hui pour toute personne qui souhaite demander l'asile. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.