Evacuation musclée de migrants à Paris : "Des hommes sont tombés, ils étaient pétrifiés"
Les forces de l'ordre ont dispersé dimanche soir une centaine de migrants près de la station de métro Stalingrad, dans le 19e arrondissement de la capitale. Les riverains décrivent des actes de violence qui auraient fait plusieurs blessés.
"Nous étions tous assis, en train de finir de manger. Aux environs de 22h30, 15 cars de CRS sont arrivés", raconte Marine Maluenda, 28 ans. Comédienne, cette jeune femme aide chaque jour les réfugiés présents dans le 19e arrondissement parisien. Dans la soirée du dimanche 31 juillet, elle se trouve avenue de Flandre, près de la station de métro Stalingrad, quand soudain, la police intervient pour déloger les migrants rassemblés là.
"Ils se sont mis en ligne pour bloquer la rue. Il y a eu un premier appel au microphone, donnant l’ordre de se disperser et annonçant qu’il s’agissait d’une première sommation avant l’utilisation de la force, se souvient-elle, interrogée par francetv info. Les réfugiés n'ont pas voulu. Ils n'ont pas à se cacher, à disparaître."
"Les yeux gonflés par les gaz lacrymogènes"
"Ils nous ont chargés, poussés avec leurs boucliers, leurs matraques, décrit Marine Maluenda. Des hommes sont tombés, ils étaient pétrifiés. L’un d'eux avait reçu un coup de matraque sur la main, un autre faisait une crise d’épilepsie. Un homme avait aussi les yeux gonflés par les gaz lacrymogènes." La Préfecture de police, contactée par francetv info, explique que "les policiers ont essuyé des jets de projectiles."
Marine Maluenda tente alors de relever des réfugiés à terre, aidée par la suite par les pompiers. "Un membre du collectif 'La Chapelle debout' a appelé l'hôpital Lariboisière, et on lui a annoncé que trois personnes étaient hospitalisées sous X", relate Lydie, une passante témoin de la scène, également interrogée par francetv info. Ces trois personnes ont été transportées pour des "urgences relatives", d'après la Préfecture de police.
Roman Guichard, lui, a filmé la scène depuis sa fenêtre. Habitant de l’avenue de Flandre, il a vu des tirs de flashball et des réfugiés "bousculés par les CRS". "Des dizaines de migrants couraient vers la porte de la Villette, suivis par les charges des CRS", raconte cet avocat de 28 ans, contacté par francetv info, et qui n'hésite pas à parler d'une "chasse à l'homme".
Interpellante "chasse à l'homme" a l'instant à Stalingrad. Des CRS chassant "plus loin" des #migrants...Consternant pic.twitter.com/ItZoOvYms3
— Roman Guichard (@RomanGuichard) 31 juillet 2016
"La situation dure depuis plusieurs jours"
"La police cherche à disperser les réfugiés par petits groupes de quatre ou cinq, les transformant en SDF, dénonce Loïc Horrellou, graphiste de 36 ans, également joint par francetv info. Et la situation dure depuis plusieurs jours." "Une procédure pour mettre un terme au campement près du métro Stalingrad a été lancée le 22 juillet, détaille la préfecture. Les services de police procèdent donc régulièrement à des évictions et des éloignements."
Arrivé sur place peu après l'intervention "musclée" du 31 juillet, Loïc Horrellou décrit des personnes "remuées". "L’un des réfugiés nous a raconté vouloir retourner en Allemagne, qu’ici c’était devenu impossible", relate le jeune Parisien, qui qualifie les actions de la police de véritable "harcèlement."
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