Guerre en Ukraine : comment la France organise la prise en charge des réfugiés
Quinze mille personnes sont déjà arrivées d'Ukraine en France depuis l'invasion du pays par la Russie, a annoncé mardi la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, sur Europe 1.
L'exode se poursuit. Moins de trois semaines après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, trois millions d'Ukrainiens ont quitté leur pays, selon le décompte de l'Organisation internationale pour les migrations, actualisé mardi 15 mars. La France anticipe l'arrivée possible dans les prochaines semaines de "50 000, peut-être 100 000" personnes sur son territoire, a chiffré Joseph Zimet, coordinateur de la cellule interministérielle de crise. Comment le pays s'organise-t-il pour assurer la prise en charge des réfugiés venus d'Ukraine ?
Un statut inédit pour les réfugiés ukrainiens
C'est la première fois que le dispositif est activé par les Vingt-Sept depuis sa création en 2001. Les réfugiés ukrainiens disposent d'un statut européen de protection temporaire. La mesure a été décidée lors du Conseil de l'Union européenne le 4 mars. Le dispositif est ouvert aux personnes ayant la nationalité ukrainienne, aux étrangers qui résidaient en Ukraine et à leurs familles. Concrètement, il permet à ceux qui quittent le pays d'obtenir des droits dans le pays où ils arrivent.
En France, ces réfugiés pourront obtenir une autorisation provisoire de séjour d'une durée de six mois dans un premier temps, renouvelable dans la limite de trois ans. Ce statut particulier leur permet aussi de toucher l'allocation pour demandeur d'asile, autorise l'exercice d'une activité professionnelle, l'accès aux soins. Il prévoit aussi la scolarisation des enfants mineurs, précise le ministère de l'Intérieur.
Une cellule de crise rattachée au ministère de l'Intérieur
Quinze mille personnes sont déjà arrivées d'Ukraine en France depuis l'invasion par la Russie, essentiellement des femmes et des enfants, a déclaré mardi sur Europe 1 la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa. C'est son ministère qui veille au respect du droit d'asile et qui prépare et met en œuvre les actions en matière de politique d'intégration des étrangers en France, d'après le décret n° 2020-972 du 31 juillet 2020.
En complément, le gouvernement a annoncé le 9 mars l'ouverture d'une cellule interministérielle de crise (CIC) consacrée à l'accueil des déplacés d'Ukraine. Son but est de "coordonner la conduite des opérations de tous les services de l'Etat", d'"anticiper ce qui va se passer", notamment par "l'élaboration de scenarios sur les différentes possibilités d'arrivées", a détaillé Marlène Schiappa auprès de quelques journalistes, rapporte l'AFP. La cellule, rattachée au ministère de l'Intérieur, est dirigée par l'ancien préfet de la Haute-Marne Joseph Zimet. Cet ex-conseiller en communication d'Emmanuel Macron a quitté ses fonctions au sein de la préfecture depuis le 7 mars.
Avec Joël Giraud, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Marlène Schiappa a également lancé lundi un comité de suivi de la politique d'accueil des déplacés ukrainiens. Le comité se compose d'associations d'élus locaux et doit permettre de faciliter la communication d'informations avec les collectivités, "d'identifier les besoins des élus locaux" ou encore d'"anticiper la gestion des flux de déplacés dans les territoires".
Le monde associatif se mobilise aussi au quotidien. France terre d'asile, la Croix rouge, Emmaüs… "Une vingtaine travaille à l'accueil des Ukrainiens en France", évalue le cabinet de Marlène Schiappa, contacté par franceinfo.
Jusqu'à 100 000 Ukrainiens accueillis en France
Quelque 4 600 déplacés d'Ukraine bénéficient d'un hébergement en France, a annoncé la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, selon des chiffres arrêtés lundi. Mais le gouvernement dit être capable d'en accueillir davantage. "Nous avons pour l'instant identifié de l'ordre de 50 000 places" a ajouté la ministre.
"Il y a des logements communaux, des propositions de particuliers et des solutions plus temporaires comme des centres de vacances."
Emmanuelle Wargonlors d'une conférence de presse
"Nous pouvons aujourd'hui accueillir jusqu'à 100 000" personnes réfugiées sur le territoire national, a quant à lui assuré Gérald Darmanin, à l'issue d'une réunion de la cellule interministérielle de crise. Ces places devraient être mobilisées dans "les jours à venir".
Face à l'arrivée de réfugiés, un "hub" ouvre mercredi dans l'un des halls du Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, pour centraliser l'accueil des Ukrainiens, a annoncé Marlène Schiappa. Le bâtiment de "5 000 mètres carré" devrait également permettre d'héberger sur place environ 500 personnes, ajoute Didier Leschi, patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) à l'AFP.
Pour répondre aux besoins de logement, une plateforme "Je m'engage pour l'Ukraine" a aussi été mise en ligne par le gouvernement. Elle permet aux collectivités territoriales, entreprises, associations, fondations ou aux particuliers de proposer un hébergement, des services, ou encore de recruter des bénévoles.
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