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Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage : "Il y a un manque évident de volonté politique"

Le représentant de la Fédération internationale des droits de l'homme, Nicanor Haon, a regretté, samedi sur franceinfo, que les législations sur l'esclavage ne soient pas respectées dans le monde alors que se tient la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage.

Article rédigé par franceinfo
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Une pancarte lors des manifestations contre la pratique de l'esclavage en Libye, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 25 novembre 2017. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

La Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage a lieu, samedi 2 décembre, quelques semaines après les révélations de la chaîne CNN sur l'existence de marchés aux esclaves en Libye, où des migrants sont vendus. Selon l'Organisation mondiale du travail, plus de 40 millions de personnes seraient asservies, dont 25% seraient des enfants. "Il y a un manque évident de volonté politique", a dénoncé sur franceinfo Nicanor Haon, représentant de la Fédération internationale des droits de l'Homme.

franceinfo : Non seulement, l'esclavage n'a pas disparu, mais on a vu apparaître des formes de marchés aux esclaves en Libye.

Nicanor Haon : Oui, ce sont des marchés aux esclaves, car l'esclavage est le fait d'exercer sur quelqu'un des droits de propriété selon le droit international. Ce qui se passe en Libye, cela fait longtemps que nos organisations le dénoncent. Il y a une chaîne où les personnes migrantes sont obligées de payer pour traverser le pays et, en même temps, elles sont remises à différents trafiquants, des officiers de police, des militaires, des directeurs de centre. Il faut qu'elles travaillent pour payer leur dette et retrouver leur liberté. Cela correspond donc à la définition de l'esclavage, mais ça n'est pas uniquement quelque chose qui concerne les personnes migrantes puisqu'on a des situations dans tous les domaines : travail domestique, agriculture, industrie etc. 60% des esclaves dans le monde sont en Chine, en Inde, au Bangladesh, au Pakistan. Ce sont les pays dans lesquels se trouvent les manufactures de biens consommés dans les produits occidentaux.

Que peut-on faire pour lutter contre ce fléau ?

La plupart des pays du monde ont adopté des législations, mais force est de constater qu'elles ne sont pas appliquées. Les personnes réduites en esclavage ne sont pas considérées comme des sujets de droit par l'administration. Elles sont dans une situation de vulnérabilité. On les exploite, on retient leur salaire, on confisque leur document, on les empêche d'accéder à la justice et de quitter leur lieu de travail. Il y a un manque de volonté politique. Par exemple en Libye, les personnes migrantes n'ont généralement pas de traduction, pas de défense. On ne peut que penser à un manque de volonté politique.

Les Nations unies parlent de 150 millions d'enfants contraints de travailler dans le monde.

Oui, ils sont très nombreux. Cela concerne l'agriculture notamment. Les mineurs isolés étrangers, du fait de ne pas être pris en charge par les institutions des pays européens qui sont supposés les accueillir, se retrouvent dans des situations très vulnérables. Souvent, ils travaillent dans des situations d'esclavage ou qui s'en rapprochent.

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