Migrants à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie : "On va assister à un véritable génocide", selon l'eurodéputé Damien Carême
"L'Europe a des moyens pour que la Pologne ouvre ses portes", a martelé sur franceinfo le député européen EELV et ancien maire de Grande-Synthe.
"On va assister à un véritable génocide", alerte mercredi 10 novembre sur franceinfo le député européen Europe Ecologie Les Verts Damien Carême, alors que des milliers de migrants sont massés à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Poussés par les forces de sécurité biélorusses vers la frontière, les garde-frontières et soldats polonais ne les laissent pas entrer sur le territoire européen, les laissant à la merci du froid et de la faim. Une "situation intolérable" dénoncée par la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Michelle Bachelet, qui réclame un accès humanitaire "immédiat".
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Selon l'eurodéputé EELV Damien Carême, ancien maire de Grande-Synthe (Nord) de 2001 à 2019, ville particulièrement confrontée à la crise de l'accueil des migrants, l'Union européenne doit faire pression sur la Pologne, pour qu'elle respecte "les conventions internationales et notamment celles des droits de l'enfant", notamment en conditionnant l'octroi des aides du fonds de relance post-Covid à l'ouverture des frontières polonaises aux migrants.
franceinfo : Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, accuse ce mercredi la Biélorussie de "trafic d'êtres humains". A-t-il raison ?
Damien Carême : C'est en tout cas une instrumentalisation de ces personnes. Les autorités lituaniennes assurent que la Biélorussie organiserait des vols depuis Bagdad et Istanbul, pour ramener des personnes cherchant refuge en Europe, en Biélorussie, et les pousser à la frontière polonaise. La Biélorussie n'est pas située sur des routes migratoires que l'on connaît. Pour des Irakiens, Syriens, Somaliens, Afghans, ce n'est pas vraiment la route. C'est donc peut-être la preuve que c'est l'instrumentalisation de personnes migrantes. Et jouer sur la difficulté pour l'Europe de se mettre d'accord sur sa politique migratoire. Comment on se met d'accord sur comment on accueille ces personnes sur le continent ?
L'accueil de ces migrants massés à la frontière polono-biélorusse est-il si ingérable que cela pour l'Europe ?
Non, c'est une crise de l'accueil, peu de personnes au regard des 450 millions d'Européens. Ce sont des personnes qui fuient des pays en guerre : la Syrie, l'Afghanistan, l'Irak. Va-t-on renvoyer des gens en Afghanistan, en Irak ?
"Ces quelques milliers de personnes, accueillons-les en Europe et faisons cesser immédiatement cette situation insupportable."
Damien Carême, ancien maire de Grande-Syntheà franceinfo
Nous ne pouvons même pas aller les voir. L'état d'urgence a été décrété en Pologne le long de la frontière avec la Biélorussie, et donc on ne peut pas accéder jusqu'à eux, les ONG ne peuvent pas y accéder. Il faut vraiment que l'Europe joue et pèse très fort sur cette frontière pour l'ouvrir. Ces personnes ne sont pas alimentées, sont dans le froid. Vous imaginez le temps qu'il fait en novembre en Pologne.
Comment l'UE peut-elle imposer à la Pologne de rouvrir sa frontière ?
On va assister à un véritable génocide. L'UE ne peut pas assister à ça sans rien faire. L'Europe a des moyens pour que la Pologne ouvre ses portes. On a les fonds de relance qui doivent être attribuées post-crise Covid. Et bien, on peut mettre en place une conditionnalité, on ne donne pas les fonds à la Pologne tant qu'elle n'a pas ouvert sa frontière. Ensuite, on ne renverra pas ces personnes chez elle, et on verra comment on peut les accueillir dignement. Et tout cela en respectant les conventions internationales, et celle des droits de l'enfant car il y a aussi des enfants parmi ces personnes. L'Europe a des moyens de rétorsion pour agir.
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