Migrants : ce qu'il faut retenir du conseil extraordinaire des ministres européens
Les ministres de l'Intérieur de l'UE n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur les quotas de migrants, mais ont avancé sur la question des centres d'enregistrement des migrants.
Impasse à Bruxelles. Les 28 Etats membres de l'UE ne sont pas parvenus, lundi 14 septembre, à un accord unanime sur la répartition de 120 000 réfugiés supplémentaires pour faire face à l'afflux de demandeurs d'asile. "Une grande majorité d'Etats se sont engagés sur le principe d'une relocalisation [des 120 000 réfugiés], mais tout le monde n'est pas pour l'instant à bord", a reconnu le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui présidait ce conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE.
"Nous n'avons pas eu l'accord que nous voulions" sur ce point, a admis le commissaire européen à l'Immigration, Dimitris Avramopoulos, lors d'une conférence de presse commune, à l'issue de débats qu'il a qualifiés de parfois "enflammés" entre Etats.
Pas de consensus sur la répartition des réfugiés
Les participants ont, comme prévu, validé la décision de se répartir l'accueil de quelque 40 000 réfugiés en deux ans, conformément à ce qu'ils avaient convenu fin juillet. Ils n'ont pour l'heure fixé la destination précise que de quelque 32 000 personnes.
Mais ils ont échoué à dégager un consensus sur une nouvelle proposition de la Commission européenne qui leur avait demandé, la semaine dernière, de "relocaliser" 120 000 réfugiés de plus, se trouvant actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie, avec des quotas contraignants.
Sur ce point, "la discussion doit se poursuivre", a expliqué le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Il a souligné qu'"un certain nombre de pays ne veulent pas adhérer à ce processus de solidarité", en citant "notamment les pays du groupe de Visegrad" (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie).
"L'Europe n'est pas une Europe à la carte", a-t-il lancé à l'adresse de ces pays récalcitrants. "Certains Etats ne se sentent visiblement pas obligés de faire preuve d'une responsabilité solidaire", a renchéri son homologue allemand, Thomas de Maizière.
"Ce n'est pas seulement nous, ou la République tchèque, il y a eu aussi d'autres pays" qui se sont opposés au mécanisme de "relocalisation", a rétorqué le ministre slovaque de l'Intérieur, Robert Kalinak.
Feu vert pour les centres d'enregistrement des migrants
Les ministres allemand et français ont préféré insister sur une série "d'avancées concrètes" obtenues lundi. Ils ont souligné que l'Italie et la Grèce avaient clairement accepté la mise en route à leurs frontières extérieures de "hotspots", des centres d'accueil chargés d'enregistrer les migrants à leur arrivée en Europe et de distinguer en amont s'ils relèvent du droit d'asile ou de la migration illégale.
"Nous devons armer Frontex [l'agence européenne de surveillance des frontières] davantage en moyens pour lui permettre d'organiser les retours de ceux qui sont migrants économiques irréguliers vers les pays de provenance", a plaidé Bernard Cazeneuve, faisant de la réussite des "hotspots" une condition pour la "relocalisation" des réfugiés.
Mais si la Grèce et l'Italie ont donné leur accord, la Hongrie a campé sur son refus catégorique d'héberger ces "hotspots" et de participer au mécanisme de "relocalisation", résistant à la pression d'autres Etats, en particulier du couple franco-allemand. La Hongrie "serait pourtant bénéficiaire du dispositif, puisqu'elle fait partie maintenant des pays en première ligne", a regretté une source européenne.
Les ministres de l'Intérieur de l'UE doivent se revoir les 8 et 9 octobre à Luxembourg, pour un nouveau conseil au cours duquel sera rediscutée la répartition des réfugiés. Il n'est cependant pas exclu qu'une rencontre soit organisée avant cette date.
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